Alors que la construction du tunnel se poursuivait, VIFQUAIN dut faire face à un nouveau problème lié à la nature du terrain dans lequel on creusait le canal. Le problème apparut à l’occasion de la mise sous eau de la cunette entre Arquennes et Hal. On constata que la porosité du calcaire et du schiste étaient à l’origine d’infiltrations importantes entraînant une forte consommation d’eau.

Pour parer à ces graves inconvénients, il fut nécessaire de modifier le mode d’alimentation tel que prévu dans le cahier des charges.

L’eau nécessaire au fonctionnement du canal devait être rassemblée dans de grands réservoirs, au-dessus du bief supérieur de partage. Cette masse d’eau se serait écoulée jusqu’aux biefs inférieurs vers Bruxelles où se situaient les pertes d’eau importantes par infiltrations, avec comme conséquence l’établissement d’un courant considérable dans le canal, courant qui aurait entravé la marche régulière et rapide des bateaux dans les biefs et la manoeuvre accélérée des écluses tout en étant une cause d’affouillement possible pour les berges et les ouvrages d’art.

C’est pourquoi VIFQUAIN décida , en accord avec le concessionnaire, de s’alimenter directement aux rivières, à peu de distance des biefs construits en terrain perméable et, en même temps, à hauteur des écluses. C’est ainsi que des prises d’eau furent installées à Feluy, Ronquières et Ittre, les eaux du bief de partage ne devant plus servir qu’aux éclusages et à faire face aux pertes d’eau qui pourraient se manifester, de ce bief jusqu’à la première prise d’eau à Feluy, ainsi que sur le versant du Piéton inférieur.

Les sommes qui étaient primitivement destinées à l’exécution des grands réservoirs d’eau furent ainsi récupérées et servirent au paiement des travaux qu’exigeaient les prises d’eau nouvelles.

Les eaux du Piéton et de ses affluents réunies dans deux réservoirs établis près du canal à Pont-à-Celles rejoignirent celles de la rivière de l’Hutte.

Une machine à vapeur fut installée afin de relever l’ensemble de ces eaux jusqu’au niveau du bief de partage, à l’extrémité orientale de ce bief, contre l’écluse n° 11. Cette machine de 12 chevaux à basse pression (Watt et Fulton)  était destinée à faire tourner une vis d’Archimède  à pas découvert et à coffre fixe de 1,70 m de diamètre et de 9,80 m de longueur.

Elle fonctionnait en temps de grande sécheresse, amenant dans le canal tout le débit de la rivière, soit entre 8.000 et 9.000 m3 en 24 heures. La hauteur de rehaussement de l’eau se situait entre 2,50 m et 2,80 m.

Dans ce nouveau système d’alimentation en eau, les eaux de la rivière de Feluy furent prélevées à hauteur de l’embouchure de cette rivière dans la Samme. Un grand réservoir fut établi à Ronquières, à l’amont de l’écluse n° 37, avec rejet dans le bief inférieur, tandis qu’une autre prise d’eau fut réalisée sur la rivière d’Ittre, avec rejet dans le bief n° 37. De plus, afin d’économiser les eaux d’éclusage , dix écluses situées dans les parties élevées du profil en long furent complétées de réservoirs ou bassins d’épargne .

Enfin, dernière mesure, les parties les plus perméables de la cunette du canal furent bétonnées.

Il s’agissait d’une couche de béton de 0,15 m d’épaisseur, elle-même recouverte d’une couche de terre de 0,50 m, de façon à être protégée des coups de gaffe. Ce béton était composé d’une partie de briques pilées associée à une partie égale de chaux éteinte, le tout mélangé à une partie égale de briquaillons durs ou pierrailles. Ce bétonnage fut appliqué au total sur une longueur de 3000 m.

Luttre. Ensemble de la station de relèvement des eaux dans le bief de partage