Article original paru dans « Entre Senne et Soignes » n° 32 – 1979

Auteur: Jacques Mussche

La première centrale électrique du pays fut construite à Bruxelles en 1885. La première centrale régionale vit le jour en 1889 à … Oisquercq.

L’histoire de l’électricité se divise en cinq périodes bien définies soit

de l’ambre ( en grec Elektron) à la pile de Volta ( –600 avant Jésus Christ à 1800)

de la pile voltaïque à l’induction ( 1800 à 1831)

de l’induction à la dynamo ( 1831 à 1870)

de la dynamo aux premières centrales ( 1870 à 1900)

des premières centrales à l’électronique ( de 1900 à nos jours )

Il est particulièrement flatteur de savoir que notre région fut certainement  le berceau de l’électricité en Belgique  et probablement en Europe.

C’est à New York, le 4 septembre 1882 qu’Edison, inventeur de la lampe électrique à incandescence, mit en service la première centrale destinée à la distribution d’électricité. Elle alimentait 59 abonnés, totalisant 1200 lampes.

Le procédé d’Edison fut rapidement amélioré et les principaux problèmes inhérents à la production étant résolus vers 1900, on s’appliqua à améliorer le rendement et, donc, à abaisser les couts de production. Le prix de l’électricité se trouvant ainsi réduit, on vit apparaitre des applications nouvelles en tous genres. L’électro-ménager était né : le premier fer à repasser en 1893, les radiateurs et grilles-pains en 1895, les cuisinières électriques en 1900, la radio en 1906, l’enregistreur en 1925, la télévision en 1926, les armoires frigorifiques en 1930, les tubes fluorescents en 1938, les fours à micro-ondes en 1960 etc… s’intégrèrent à notre quotidien.

Mais, revenons à notre région…

Il existait à Berlin, dès 1881, une ligne de chemin de fer électrique construite par von Siemens et alimentée par accumulateurs. Ceux-ci équipaient également des électro-mobiles et des chaloupes électriques.

Ces premières applications de l’électricité, c’est-à-dire le chemin de fer de von Siemens, la centrale d’Edison, et trois ans plus tard celle de Bruxelles, firent naître dans l’esprit d’hommes d’affaires l’heureuse idée de combiner les deux systèmes. C’est ainsi que l’on installe le long du canal entre Ruysbroek et Seneffe un réseau de fils électriques reliés à la centrale et l’ont voit apparaitre les premiers tracteur électriques alimentés à l’aide de fils souples munis d’une roulette déposée sur les lignes.

Ce fut le réel essor de la centrale de Oisquercq qui, jusqu’alors, n’alimentait que les carrières des environs en force motrice et quelques rares habitations en éclairage.

Le 24 novembre 1898, la société prit le nom de « Compagnie Générale de Traction Électrique sur les Voies Navigables » en abrégé T.E.V.N. Dont le siège d’exploitation se situait déjà au numéro 2 de la rue du Bon Voisin à Oisquercq. La puissance installée de cette centrale était de plus ou moins 300 KW en courant continu, produits par trois machines à vapeur de 75 CV chacune.

C’est ainsi que débuta la distribution électrique pour l’éclairage et la force motrice dans les communes de Ruysbroek, Lembecq  et Tubize. Convaincre la clientèle de l’époque de s’éclairer à l’électricité n’allait pas sans peine et l’on fit appel à des moyens promotionnels qui, aujourd’hui, font sourire: le client potentiel se voyait proposer la fourniture gratuite du matériel nécessaire à l’installation d’une lampe dans la pièce de séjour ainsi que la gratuité de la consommation de cette lampe pendant 1 an !

De plus, afin de mettre en valeur les habitations ainsi équipées, on fixait sur leurs façades une plaquette au sigle TEVN mentionnant : «  Raccordement éclairage électrique ».

Beaucoup de temps s’est écoulé depuis lors.

Les premiers clients en éclairage furent les communes qui, timidement, commencèrent par éclairer les édifices publics à l’occasion de certaines manifestations et bientôt les chemins et carrefours pour assurer la sécurité des habitants. Les horaires d’éclairage étaient bien définis et préconisaient l’extinction des feux lorsque … le clair de lune était suffisant.

Afin d’améliorer les rendements et d’augmenter la longévité des centrales et des générateurs de courant, les chercheurs mirent au point vers la fin du XIX eme siècle un procédé de production de courant alternatif, ce qui permit de modifier la tension, facilitant ainsi le transport de l’énergie.

Cette innovation, qui provoqua une querelle assez vive entre les partisans du «  continu » et de « l’alternatif » incita les ingénieurs de Oisquercq à se moderniser et à installer, dès 1903, trois alternateurs de 6000 volts à 125 tours par minute pour produire du courant alternatif en 40 périodes ( hertz) .

Également dans ce domaine, ils furent des précurseurs, car ce fut probablement la première réalisation de ce type en Europe, la première au monde étant le fait du groupe Westinghouse vers 1895.

La nouvelle société connut ainsi un nouvel essor et prit la dénomination de « Société Centrale d’Électricité du Brabant ».

La distribution d’énergie électrique s’effectuait alors sous forme de concession, formule dans laquelle la commune confiait à un concessionnaire, généralement de droit privé, le soin d’alimenter les usagers en électricité. Ce système, tombé en désuétude, ne subsiste plus que dans quelques cas marginaux.

De 1903 à 1928, les concessions de distribution allaient s’étendre jusqu’à couvrir 28 communes. En 1928, de la fusion avec Gand, allait naitre la CEFB ( Centrales Électriques des Flandres et du Brabant) .

Les années situées entre 1930 et 1950 furent celles de la stabilisation de la production ainsi que du passage du courant à 40 périodes à celui à 50 périodes que nous connaissons encore de nos jours, en vue du raccordement a réseau d’interconnexion de 70,000 volts, celui-ci assurant toute l’alimentation belge dès 1951, année au cours de laquelle la production d’électricité fut arrêtée à Oisquercq.

Au fil du temps et des fusions, la CEFB est devenue EBES, puis Asverlec, puis Unerg, Electrabel enfin.