En quittant la tranchée de Godarville, le tracé à 1350 tonnes s’écarte de l’ancien tracé en obliquant vers le nord-ouest et prend la direction de Ronquières. A cet endroit, il lui reste à descendre les 68 mètres qui le sépare du versant de la Senne ou, plus précisément du confluent Senne – Samme.

Il est intéressant de se replonger dans le contexte de l’époque et de décrire les différents types d’ouvrages de rachat de chute soumis à l’examen des spécialistes.

La cascade d’écluses.

On envisagea dans un premier temps de construire entre Seneffe et Ronquières trois ou quatre écluses échelonnées, relativement rapprochées et présentant à chaque fois une chute d’environ 20 mètres. Mais cette solution présentait de sérieux désavantages tant techniques qu’économiques.

Le premier inconvénient provenait de la mise en mouvement d’importantes quantités d’eau dans les écluses et dans les biefs courts les séparant, entraînant la création d’ondes de grande amplitude qui entraveraient la navigation.

Le deuxième problème concernait la consommation importante en eau qui pouvait être réduite par la construction de bassins d’épargne, mais ceux-ci présentaient malheureusement le désavantage d’augmenter la durée de remplissage et de vidange des sas.

Enfin, troisième point négatif : la navigation aurait à souffrir du temps élevé nécessaire pour franchir cet ensemble d’écluses.

Les études se portèrent donc sur des ouvrages moins gourmands en eau.

Les ascenseurs verticaux

Dans les ascenseurs verticaux, le bateau passe du bief dans un bac étanche qui peut, par la manoeuvre de portes obturant ses extrémités, être mis  en communication avec un des biefs ou en être isolé.

Dès que le bac est isolé du bief, on lui imprime un mouvement de translation verticale qui l’amène en face de l’autre bief.  A ce moment, par l’ouverture des portes, le bac  et le bief sont mis en communication. Le bateau quitte alors le bac et poursuit son trajet dans le bief correspondant.

Les plans inclinés

A l’origine les plans inclinés comportaient un ou deux bacs qui glissaient ou roulaient par l’intermédiaire de trains de galets sur des chemins en pente. Les bateaux étaient échoués et transportés à sec sur des berceaux.

Mais ce procédé ne pouvait plus recevoir d’application en 1957 où tout bac de plan incliné se concevait comme un bac d’ascenseur vertical lequel restait rempli d’eau pendant le transport.

On distingue deux types de plans inclinés. Si pendant son déplacement le bateau subit une translation parallèle à son axe longitudinal, le plan incliné est dit longitudinal. Au contraire, si cette translation est perpendiculaire à l’axe longitudinal du bateau, le plan incliné est dit transversal .

Les plans inclinés s’adaptent généralement à la pente du terrain naturel. Les plans inclinés longitudinaux sont peu encombrants en largeur mais nécessitent des précautions pour éviter ou limiter les oscillations des bateaux dans les bacs.

Les plans inclinés transversaux ne posent pas ce  problème. Mais ils sont très encombrants en largeur et exigent une configuration particulière du tracé, des biefs amont et aval présentant un décalage égal à la longueur du plan incliné.

Un exemple de plan incliné transversal est celui de Saint Louis – Arziller, installé le 27 janvier 1969 sur le canal de la Marne au Rhin.

La commission pour l’Etude du rachat de la chute de Ronquières examina et compara les avant-projets dressés pour chacun des deux types d’ouvrages retenus comme solution possible, soi un ascenseur vertical ou un plan incliné.

A Ronquières, c’est un plan incliné de type longitudinal qui a finalement été choisi et construit.

La mise en service du plan incliné de Ronquières eut lieu le 1er avril 1968. Et c’est à cette date que le canal de Charleroi à Bruxelles fut ouvert à la navigation à 1350 tonnes sur l’intégralité de son tracé.

Rien n’a changé depuis.