Ainsi que nous l’avons vu au chapitre  III, jusque vers l’an mille, le territoire de Ronquières, avec une population clairsemée, était composé de quelques alleux et fiefs indépendants les uns des autres et ne formant pas une organisation communautaire propre. Les circonstances l’avaient isolé de ses voisins. Il se butait

au Nord et à l’Est à deux grandes anciennes divisions administratives ecclésiastiques à savoir

a) au Nord le doyenné-comté de Hal, archidiaconé de Brabant (paroisse d’Ittre) dont le séparait le chemin numéro 5  du r’nau, à peu près depuis le bois de la Houssière jusqu’a proximité du Croiseau,

b) a l’Est au diocèse de Liège (paroisse de Monstreux-Bornival), dont le séparaient le chemin numéro  4 del Corroye et le ruisseau Mathieu-Simon, depuis le Croiseau jusqu’à la Samme ;

au Sud et à l’Ouest, une limite nouvelle s’était tracée avec le comté de Hainaut (paroisses de Feluy, d’Ecaussinnes-Henripont et Braine-le Comte) dont le séparaient successivement la Samme, le ruisseau de Boutegnies, un petit ruisseau allant rejoindre la Marche (aujourd’hui  Sennette) à peu près en face du moulin de Cromberue (aujourd’hui Combreuil), un autre petit ruisseau aujourd’hui tari mais ayant laissé des traces traversant le hameau actuel des Gaudy et qui prenait sa source vers la chapelle N.-D. de Grâce, et enfin le bois de la Houssière.

Entre toutes ces paroisses plus précoces, son territoire de 1400 à 1500 bonniers était resté inorganisé, faute de population suffisante.

Avec le 11eme siècle, le pays se peuple et se défriche.

L’autorité ecclésiastique, la première, estime le moment venu d’y créer une paroisse simple et installe un « altare» sur l’éperon rocheux des « Ronceraies-Ronceriae» bien au centre et en bordure d’un grand vieux chemin.

L’altare de « Ronceriis » donnera son nom à la paroisse dont il était le centre.

En 1134, l’évêque de Cambrai, Liétard, le cédera à l’abbaye de St Ghislain, installée depuis 980 environ dans le domaine d’Haurut,  « a personatu et omni exactione liberum preter debita episcopi et ministrorum nostrorum obsonia ». La donation est approuvée par le pape Innocent II le 4 avril 1138 (= 1139 n. s.). (Cartulaire  de St-Ghislain aux Archives de Mons folio 125)

« A personatu liberum» c’est à dire que l’autel et ses biens n’étaient pas grevés d’un droit de propriété au profit d’un tiers, même laïc sauf pour celui-ci à en assurer, à ses frais, le service religieux par un prêtre qualifié. C’est donc l’abbaye qui pouvait désigner elle-même le pasteur.

La création de cette paroisse (patron St Géry) est assez remarquable. En effet, on ne peut pas la rattacher à la formation classique des paroisses, presque toutes issues d’une villa ou grand domaine franc ou d’un vicus. Il n’y a pas non plus le moindre indice d’aucune sorte qu’elle ait été constituée d’un terroir détaché d’une paroisse voisine. C’est donc un type assez rare de paroisse primitive formée tardivement dans un «locus desertus» jusque là inorganisé, et détachée de juridiction diocésaine directe.

En même temps que l’altare, St Ghislain a reçu en  « allen allodium », à titre de « dos ecclesiae » (Cambron page 584) l’éperon rocheux et fort probablement les 7 journels de l’île formée par les deux bras de la Samme, en tout, deux à trois bonniers. L’abbaye y édifiera bientôt (dès avant 1177: Ghislain page 386) un moulin. Elle concédera à des  « hospites » les pauvres parcelles rocailleuses qui forment aujourd’hui le centre du village. C’est là, dans le coeme terium-atrium ou dans un coin appelé « la halle » que se tiendront le cas échéant, les réunions publiques, les criées publiques, le marché.

En 1182, l’abbaye de Saint-Ghislain cédera à l’abbaye de Cambron, récemment fondée, l’altare en même temps que tout ce qu’elle possédait à Ronquières (Cambron page 555 et Ghislain page 389), c’est-à-dire  donc:

la court d’Haurut avec toutes ses dépendances;

« l’altare de Ronkiria cum omnibus dotibus, decrnns et oblationibus sive justiciis », avec obligation d’y établir un curé (presbytère) qui continuera à recevoir la prébende établie, à savoir le tiers de toutes les dîmes et oblations et  de payer à l’Evêque de Cambrai et à ses «ministri» les droits synodaux (synodalia),

BIENS DE LA CURE.

Les biens déclarés en 1701-1703 (A. G. R., États de Brabant, carton numéro  193) et en 1787 (A. G. R., Ch. Comptes 46793 déci. 82 à 81) étaient d’à peu près 9 bonniers. La déclaration de 1787 détaille, en outre, une série d’autres revenus (menue dîme, fondations, rentes, etc.

Sous le régime français un arrêté du Directoire du 5 brumaire an VI (= 26 oct. 1797) (Pasinomie tomeVIII) assimile aux biens nationaux les biens des curés et des églises paroissiales dont les titulaires refusaient de prêter serment de haine à la royauté. En exécution de cet arrêté les biens de la cure, 7 à 8 bonniers en 11 parcelles, furent vendus comme biens nationaux (Archives Etat à Mons  Régimes français et hollandais, farde 428, 239e liste, article 39, 40 et 41, adjudication définitive le 24 ventôse an VIII = 13 mars 1800).