Description du plan incliné de Ronquières

L’ouvrage de Ronquières se compose essentiellement de deux bacs métalliques de 91 mètres de long sur 12 mètres de largeur, contenant de l’eau variant de 3 mètres à 3.70 mètres de hauteur, selon la flottaison du bief amont, et se déplaçant dans le sens de leur longueur. Les bacs se terminent à chacun des petits côtés par une porte mobile qui s’ouvre lorsqu’ils viennent se placer contre la porte terminale du bief supérieur ou inférieur, donnant ainsi communication et passage aux bateaux.

Pour la sécurité de l’exploitation, le fonctionnement de chacun des bacs est indépendant de celui de l’autre, de façon à pouvoir toujours assurer le transit de la navigation avec un bac au moins.

Chaque bac, dont le poids en ordre de marche varie de 4500 à 5200 tonnes est équilibré par un contrepoids de 4560 tonnes. Cette valeur du contrepoids a été choisie pour égaler les efforts maxima à la montée et à la descente.

Le problème de la suspension des bacs a été résolu très simplement par l’adoption d’un grand nombre de galets à ressorts réunis deux par deux le long des parois longitudinales des bacs, permettant de supporter des dénivellations de la voie allant jusqu’à 20 millimètres sans modifier la charge d’un galet de plus de 20 %. Chaque bac repose ainsi sur 236 galets qui cheminent sur 4 rails de roulement.

De même, 192 galets et 4 rails supportent le contrepoids qui se déplace sous le bac dans une trémie en béton armé.

Le guidage d’un bac est assuré par 24 galets directeurs et 2 rails de guidage, situés de part et d’autre du bac. De même, 24 galets directeurs guident le contrepoids.

L’effort de traction nécessaire à la montée d’un bac est repris par 8 câbles de 55 mm  de diamètre et de 1500 mètres de long. Les câbles d’un bac et de son contrepoids sont supportés par 864 poulies-guides placées en rangées de 8 tous les 20 mètres.

Les câbles sont amarrés au bac et au contrepoids par un dispositif permettant la rattrapage des différences d’allongement et l’égalisation de la tension dans les différents câbles.

Les 8 câbles passent sur des tambours Koepe qui assurent l’entrainement du bac. Ces tambours de 5,50 mètres de diamètre nécessitent la mise en œuvre de 130 tonnes d’acier. A l’intérieur de la chambre des mécanismes, les câbles de traction sont guidés par des molettes de 5,50 mètres de diamètre.

Le mécanisme d’entrainement déplace le bac à une vitesse de 1,20 mètre par seconde. Ce mécanisme est actionné par 6 moteurs électriques alimentés par des groupes Ward Léonard qui représentent une puissance installée de 960 kilowatts par treuil.

L’équipement électrique impose l’observation rigoureuse des lois de mouvement, notamment en ce qui concerne l’accélération ou la décélération qui ne peuvent jamais dépasser la valeur signalée précédemment de 1,20 mètre par seconde.

Lors de la montée ou de la descente d’un bac, en cas d’interruption de courant, la décélération imposée est obtenue grâce à des volants d’inertie placés sur les arbres des groupes Ward Leonard.

Le maintien d’un bac en fin de course se fait au moyen  d’un mécanisme de verrouillage qui doit empêcher tout déplacement du bac lors de sa mise en communication avec le canal. A ce moment, en effet, la poussée de l’eau sur le bac est de 130 tonnes. Le mécanisme de verrouillage amène également le vas à sa position rigoureuse de fin de course, sans aucun choc, et assure en outre l’étanchéité entre le bac et les biefs.

Chaque bac est équipé de dispositifs d’amarrage qui retiennent les bateaux avec un effort constant et les rappellent en cas de besoin à leur position  initiale afin d’éviter, dans tous les cas, la collision du bateau avec les parois du bac.

Toute la commande du complexe de Ronquières  se fera à partir d’un poste central situé dans la tête amont.

Les commandes exigeant une séquence d’opérations déterminées se feront automatiquement.  Toutes les avaries pouvant survenir durant le fonctionnement d’un bac seront instantanément signalées et provoqueront, au besoin, l’arrêt automatique du bac. Le poste de commande sera muni d’appareils de télécommunications et de télévision permettant au préposé de se rendre compte, à n’importe quel instant, de la situation à n’importe quel endroit.

Au voisinage immédiat de chaque tête du plan incliné, on a prévu des garages d’attente pour bateaux. Ils comportent, le long des deux rives, des murs de 200 mètres de longueur pour les unités de 1350 tonnes et, suivant l’axe du canal, une estacade de part et d’autre de laquelle pourront stationner les bateaux de plus faible tonnage (300 ou 600 tonnes). La largeur du plan d’eau dans l’étendue de ces garages atteint près de 60 mètres.

Immédiatement à l’amont du plan incliné, un problème sérieux s’est posé parce que le plan de flottaison variant de 120.45 à 121.15 se trouve , sur environ 3 kilomètres, au-dessus du terrain naturel.

Deux solutions ont été envisagées :

1. Limiter la hauteur des digues en remblai à quelque 10 mètres et construire un pont-canal de 1 kilomètre jusqu’au garage d’attente amont du plan incliné.

2. Supprimer le pont-canal en poursuivant les digues en remblai jusqu’au garage amont, solution qui conduit à des hauts-remblais de l’ordre de 25 mètres.

Quelle que soit la solution adoptée, la cunette au droit des garages d’attente sera constituée par une vaste cuve en béton armé supportée par une ossature en béton armé et fondée sur le rocher.

A l’amont, c’est sous les 50 premiers mètres de cette ossature, immédiatement contre la tête que seront logés tous les mécanismes de manœuvre des bacs.

Signalons encore qu’une centrale hydro électrique de récupération sera installée à Ronquières. Il est en effet nécessaire de fournir en tout temps un débit minimum à la section du canal située entre Ronquières et Bruxelles pour l’alimentation des écluses.

Comme le plan incliné ne consomme pratiquement pas d’eau, une conduite forcée devra fournir ce débit à l’aval de Ronquières. En la reliant à une centrale électrique, on pourra réaliser une économie intéressante par la production d’électricité pendant les heures diurnes ( environ 9 millions de kwh par an) tandis que la consommation de courant nécessaire pour remonter l’eau de la Sambre, sur une hauteur d’un tiers seulement de celle de l’ouvrage, pourra se faire de nuit, c’est-à-dire avec de l’électricité à bon marché. Au surplus, l’érection de cette centrale assurera la sécurité de fonctionnement du plan incliné, même en cas de panne du réseau.

En résumé, on peut dire que tout a été conçu pour obtenir un ouvrage d’exploitation sûre et rapide, s’intégrant au surplus avec bonheur dans le cadre de la région de Ronquières.

Extrait d’un exposé fait par Mr Le professeur Willems, secrétaire général du ministère des travaux publics.