Dans le cadre de ces notions générales, il sera intéressant de reprendre ci quelques détails à propos des droits seigneuriaux dont jouissait le seigneur d’Enghien.

1. La justice criminelle.

Louis de Luxembourg déclare en mai 1441, la tenir « comme ses prédécesseurs seigneurs d’Enghien, de si long temps que mémoire n’est du contraire» (A.G.R. Cour féod. 10, f 28 St Genois, Mon., I page XXIII) et le 1 mars 1553, l’officier d’Enghien, Souffye, maïeur de Rebecq, proteste parce que le drossart de Brabant «s’est advanché d’avoir appréhendé prisonnier à Ronquières, lieu francq, un certain  Vinchien Moreau et mené à Bruxelles en violation de la haulteur droit et prééminence de la seigneurie d’Enghien ». Il en avertit le Bailly d’Enghien afin qu’il eût à poursuivre le dit drossart pour ravoir le dit prisonnier (A. G. R. acquits de Lille 1775).

Cette justice, le seigneur l’exerçait même sur l’alleu de la dos ecclesiae (Cambron ppage 583-584)

En fait, le prononcé des sentences appartenait à la Cour échevinale de Ronquières , le seigneur n’avait à intervenir que pour les mesures d’instruction et d’exécution, à savoir:

a) il avait fait construire et entretenait une prison: c’était, depuis le 15eme siècle, une tour carrée, la «Gayolle» flanquant le moulin et qui a subsisté jusqu’en août 1950, où elle fut démolie pour élargir la route de Braine-le-Comte à Nivelles.

b) il procédait, par l’intermédiaire de son bailli à Rebecq, à l’exécution des sentences qui étaient souvent (sauf composition avant ou après la sentence) la mort ou le bannissement avec confiscation des biens; les condamnés subissaient leur peine au « bonnier du Gibet » sur les hauteurs de Sohierchamp, à l’entrée du village près du Croiseau (Bornival);

c) bien entendu, il percevait la plus grosse partie des profits de la sentence.

Quant a la juridiction justice foncière (gracieuse et contentieuse) concernant les terres-fiefs, elle était confiée à la Cour féodale constituée à Rebecq par les hommes de fief sous la présidence du bailli du seigneur. On allait en appel des arrêts de cette Cour devant la Cour féodale de Lothier à Genappe et ensuite devant la Cour féodale de Brabant.

2. Le service militaire,

même pour les hospites de l’alleu de la dos ecclesiae (Cambron page 584).

3. La nomination

des maïeurs, échevins, greffier, sergent; ces officiers étant charges de veiller aux intérêts du seigneur et de l’aider à leur pleine application.

4. Les rentes seigneuriales

 (sur mainfermes), y compris celles que Sohier de Ligne possédait dans le fief des Noues et qui, on ne sait à la suite de quelles circonstances, furent acquises, « jadis » lit-on dans le cartulaire de 1.448 (A. G. R. seigneurie d’Enghien numéro  559, II, 1° 1).

5. Le relief  des plains-fiefs

qui sera fait devant une Cour féodale et hommes de fief à Rebecq.

6. Le congé du vendage

 des fiefs amples (10eme denier).

7. Le congé des héritages – terres censales – mainfermes (10e denier).

8. Le droit de chasse et de pêche

, etc., que Cambron lui contesta un certain temps sur son domaine d’Haurut.

9. Le meilleur catel (ex mortemain).

10. Le treuf des eilz (= essaims) et droit d’épaves.

11. Les biens des bâtards décédés.

 Les documents mentionnent quelques rares cas d’application de ce droit dont un en 1570 (Engh Chass 1570 f 17) .

Bien qu’elles soient mentionnées en 1217 (Cambron page 579) et en 1246 (Cambron page 584), pratiquement on ne voit pas trace de corvées proprement dites ni de tailles seigneuriales.

Il semble bien que le moulin, de Pideau était banal (sauf pour les hospites de Cambron admis à aller au moulin de l’abbaye (Cambron page 583-84, en 1246)).

Quant a celui de Ronquières, devenu propriété d’Enghien en 1411, il y a des textes qui font supposer qu’il n’était pas banal.

Les arbres sur wareschaix et en bordure des chemins. En 1781, Cambron protesta à propos des arbres qu’elle avait plantés le long du chemin numéro 1 qui traversait son domaine.

Quant à la visite des chemins, moulins, ruisseaux…, le grand bailli du Roman pays de Brabant lui déniait ce droit. (A.G. R. office fiscal numéro  615, dossier 5723, en 1669, où l’on trouve un incident assez vif survenu à ce propos entre le maïeur du village et l’officier du bailli).

Aucune trace de four banal ni de brasserie banale.