Et le plus ancien texte concernant Ronquières…

« Divinarum scripturarum titulares autentici inter multa utilia que dkunt ad edificationem humanarum mentium non taœnt quis sit altis simus gradus nobilitatis secundum Deum videiket servire Domino cujus servitus summe libertatis est pretium. Et si quis votum querit fa cere quod in conspectu Domini habeatur acceptum audiat responsio nem ipsius Domini in Evange quam dedit interrogantibus si Ikeret an non Cesari dan censum reddite inquit, que sunt Cesaris Cesari et Domino que sunt Domini. Effigies denarii que ad imaginem Cesaris expressa cernitur Cesani est reddenda et effigies hominis que ad ima ginem Domini simulatur Domino probatur esse vovenda. Seipsum homo Domino voveat quia nullum munus acceptius esse ad propriam voluntatem judicat secundum quod supra diktum est ego Bernardus laicus mandatum dominkum volens exequi ad mânasterium Sti Petri et Sti Pauli et S Ghisleni quod est in Cella veni me sub monachica regula mensurum statuens ibi et simul cum memetipso allodium meum laletrut cum omnibus appenditiis servis ancillis terris cultis et incuLtis pratis pascuis silvis et omnibus que ad ipsam villam pertinent nullis exceptis eidem ecclesiae tradidi et cum essern sine infantibus sanctam ecclesiam illam heredem mean facere volui.

Actum est hoc anno ab Incarnatione Domini millesimo tempore Ottonis imperatoris Caroli ducis et Godefridi comïtis testibus his subtus ordinatim scriptis f. Godefridi f. Arnulphi f. Raineri f. Waikeri f. Titelmani f. Waldonis f. Stephani f. Roberti f. Alvoldi f. Berduiphi f. Rayneri f. Machelon.

Actum est istud tempore Windonis abbatis ipsius Ioci qui abbas Windo ipsam ecclesiam ut ad se pertinentem exaltans offkinas mona chorum inclaustrumque ibi edificavit et hos monkos ibi manere fecit quamdiu vixit Dominicum Heldigerum Winebertum Robertum Raymol dum et Wamierum. »

Ce texte inédit  est un acte par lequel un certain Bernard déclare se faire moine à l’abbaye bénédictine de Saint-Ghislain  et lui apporter en même temps, attendu qu’il n’a pas d’héritiers, son alleu Haletrut. Haletrut est un nom de personne, c’est sans doute le même nom que Waldetrudis, de Mons, devenu Waudru (voir E. Förstemann, Alten deutschen Nahmenbuch 1900).

On trouve ce texte dans un cartulaire de l’abbaye de Cambron  conservé dans les archives de l’archevêché  de Malines (Cartulaire F folio 85)  et qui en donne la copie ci-dessus certifiée le15 juillet 1660, par les féodaux du Hainaut, «conforme à l’original de la charte ou copie » classée dans les archives de Cambron.

Dom Baudry a vu l’original de Saint-Ghislain et il en parle dans Ghislain,  page 301. Il estime que l’acte a été écrit « vers le milieu du siècle suivant » et que la date attribuée à la donation (l’an mille) est une erreur du scribe. Il y aurait peut-être une autre explication : c’est de supposer que cette date est donnée d’après l’ère de l’Evangile qui fut employée, à cette époque, par certains chroniqueurs et même par le pape Urbain II.

Or cette ère de l’Evangile était précisément en avance d’un peu plus de 20 ans.

Quoiqu’il en soit et abstraction faite de la circonspection avec laquelle il faut faire confiance aux chartes de St Ghislain, il semble bien, vu les personnages cités dans l’acte (l’empereur Othon, le duc Charles, le comte Godefroid  de Verdun, l’abbé Widon), que la donation ait eu lieu vers 980, comme le pense Dom  Baudry.

Duvivier, dans ses Recherches sur le Hainaut ancien, 1865, page 111 numéro  1, par suite d’une lecture hâtive de Dom Baudry, englobe le village entier de Ronquières dans la donation faite à St Ghislain. L’erreur est manifeste: il n’est question, dans l’acte de donation, ni de paroisse, ni de terre ou seigneurie de « Ronquières ».

Les noms des personnages cités n’évoquent que l’Empire, le Lothier, le vieux comté de Hainaut. Cette erreur a malheureusement été reprise ensuite par tous les auteurs (Matthieu, Chotin 2 éd., Bernier, Prud’homme etc.) sur la foi, évidemment, de Duvivier.

D’après l’analyse des documents postérieurs, le domaine comptait quelque 200 bonniers sur le territoire de Ronquières, indépendamment donc des terres voisines, actuellement comprises dans les communes de Feluy et d’Ecaussinnes). C’était peut- être une ancienne villa romaine ou un morceau de villa. Son centre était sur Ronquières où il est représenté à l’heure actuelle par la ferme d’Haurut, la plus importante du village.

Dans son domaine, St Ghislain, et Cambron après lui, utilise un bonnier de Hainaut qui correspond à 1 Ha 15 environ.

Vu son importance, l’abbé Widon y envoya six de ses religieux. Ce prieuré (?) toutefois n’eut qu’une existence éphémère et ne dura qu’aussi longtemps que vécut cet abbé.

Faut-il prendre à la lettre la mention de « servi et ancillae »qui, d’après l’acte de donation – formulaire stéréotypé – auraient existé dans le domaine d’Haurut en 980? En tout cas Dom Baudry, page 367, relève qu’au 12eme siècle encore, les moines de Saint Ghislain avaient des serfs d’église. Quoi qu’il en soit, on ne trouve dans les documents dont on dispose aucune trace de serfs à Ronquières. Et, s’il y en a eu, leur disparition a été rapide.

Selon leurs usages, les Bénédictins appelèrent ce domaine: curtis, plus tard : Court d’Haurut, nom qui lui restera pendant tout l’ancien régime.

On ne sait rien du mode d’exploitation pratiqué dans le domaine quand il appartenait à l’abbaye de Saint-Ghislain.

Quant à l’activité de l’abbaye, on peut supposer qu’elle ne fut pas étrangère à la création, une bonne centaine d’années plus tard, de la paroisse de Ronquières  dont l’altare (y compris naturellement la « dos ecclesicie », une nouvelle paroisse recevait normalement une dotation de terres, la « dos ecclesiae » d’au moins 12 bonniers  (Louis le Débonnaire); ici de 2  ou 3 bonniers seulement (centre et île) )  lui fut donné en 1134, par l’évêque de Cambrai, Liétard. Peut-être aussi s’occupa-t-elle du village voisin d’Henripont dont on voit la «capella » en sa possession en 1177 (Ghislain page 386)

En tout cas il est certain qu’on lui doit la construction du moulin ainsi que celle du barrage, à Chenu, du bras oriental de la Samme, de même que les deux ponts que ces constructions exigeaient, à savoir le pont du moulin et le pont de pierre, et sans doute aussi le 3eme pont, le pont d’aise. Probablement aussi le lotissement et le peuplement du centre (Grand Place et rue haute), ainsi que la construction du chemin numéro  10 destiné à faciliter les communications entre les bâtiments de la grangia et ses biens du centre du village (église et moulin)

Elle ne semble pas avoir participé sur son domaine aux défrichements ronquiérois du 11eme siècle. Du moins, elle laissa beaucoup à faire : c’est ce qu’on peut voir à l’intense activité de défrichement poursuivie par Cambron dès son arrivée a Ronquières en 1182.

Saint-Ghislain céda en effet tous ses biens à l’abbaye cistercienne de Cambron en 1182.

La cession à Cambron pour une rente annuelle de six marcs semble montrer, même si on admet un «prix d’ami» , que le domaine ne rapportait pas de gros profits.