L’élevage des dindons a été pendant longtemps une spécialisation de l’agriculture ronquiéroise. Le voisinage du bois de la Houssière et le droit de vaine pâture qui, sous l’ancien régime, s’étendait sur un millier de bonniers pendant une partie de l’année, favorisait cet élevage.
Ce sont les espagnols qui ont acclimaté en Europe ce volatile d’origine américaine. C’est au début du dix-huitième siècle seulement, que nous constatons l’existence à Ronquières de troupeaux de « d’indons ».

Le 22 octobre 1722, le curé Jean Joseph Dessart attrait David Druet devant les échevins parce qu’il a vendu son troupeau de dindons sans payer la dîme. En 1784, le curé Laurent intenta encore un procès contre Jean François Hubert, Jules Roux et Jérome Sempos parce qu’ils refusaient de lui payer la dîme de la poule d’Inde .

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Les dindons de Ronquières étaient tellement réputés que les propriétaires imposaient parfoi dans leurs baux la livraison chaque année d’un certain nombre de dindons.

La valeur marchande des dindons ne nous est connue que pour la seconde moitié du dix-huitième siècle. Le bail de la cense de Gottenrieu en 1751 impose au fermier l’obligation de fournir chaque année au propriétaire deux gras dindons à la St Michel ou à la fête de Nivelles ou à leur défaut 12 livres ce qui donne au dindon gras une valeur de 6 livres.

En 1787, les dindons de Verones Sempos se vendent aux prix suivants :

1 coq et 1 poule d’inde 2 livres et trente neuf sols
13 dindons 2 livres et six sols pièce
4 dindons 2 livres et quatre sols pièce
4 dindons 2 livres et deux sols
2 dindons 2 livres et trois sols
2 dindons 2 livres pièce

Les dindons valaient donc en moyenne 2 livres et 4 sols pièce à la fin du dix-huitième siècle.

En 1762, le bail de la cense du grand Goulos stipule un rendage en nature de deux couples de bons dindons.

Bruxelles était un des débouchés où s’écoulaient les dindons ronquiérois. Ainsi en 1760, Guillaume Coniot avait conduit à Bruxelles une charge de dindons pour le compte de Nicolas  Beauclef . Ce dernier refusant de lui payer le salaire convenu, Coniot lui intente un procès devant la cours Scabinale. C’est encore un procès de dindons que les échevins eurent à juger en 1780 . Gaspar Bertau réclamait à Jules Lou 24 livres pour des dindons fournis en 1777 et 2 livres et 17 sols pour des dindons fournis en 1779.

Les ronquiérois s’approvisionnaient parfois ailleurs de dindonneaux qu’ils élevaient ensuite pour la vente. C’est ainsi qu’en 1780, Joseph Leloup acheta à Michel Tamineau de Seneffe une septantaine de dindonneaux à raison de deux escalins pièce. Leloup ne payant pas, Tamineau  dut l’attraire devant les échevins pour être payé des 98 livres qui lui étaient dus.

Si nous voulons nous faire une idée de l’élevage du dindon à Ronquières à la fin du dix-huitième siècle, visitons la petite ferme que Verones Sempos exploitait rue Sorbise en 1787.  Nous y trouvon un troupeau de dindons comprenant un coq, une poule d’Inde et 25 dindons. L’élevage du dindon se maintint à Ronquières jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle. Mais aujourdh’ui cet élevage a presque entièrement cessé.

L’espoir de relancer l’élevage du dindon de Ronquières, une race très ancienne et bien caractéristique , subsiste.

Le dindon de Ronquières