Dans le cadre d’un relevé géologique complet de la vallée de la Sennette d’Ecaussinnes à Fauquez, nous avons appris l’existence d’une tentative de recherche et d’exploitation d’ardoises à Ronquières.

Cela faisait partie de certaines notes prises en vue d’organiser quelques excursions géologiques , pédestres et sportives.

On y parlait d’une grotte du philosophe, sur la rive Est du canal Bruxelles – Charleroi au droit d’un lieu-dit « les engrenages ». Les engrenages permettaient d’actionner les vannes de contrôle du niveau de la Samme pour alimenter le canal.

Impossible bien entendu de retrouver sur les cartes d’état-major modernes les traces de ce lieu-dit. Une enquête auprès de la population locale s’est aussi avérée infructueuse, même auprès du propriétaire de la maison de l’écluse 26.

C’est finalement auprès d’un amateur d’histoire locale, propriétaire du terrain surplombant la dite grotte, terrain dans lequel se trouve, aux dires d’un savant notaire, un chantoir ou dolline, que nous avons trouvé toutes les informations à ce sujet.

La colline au pied de laquelle se trouve cette « grotte » est constituée de quartzophyllades, de shistes gris noirâtre et de psammites à Monograptus colonus ou de quartzite stratoïde, de grès et de psammites feuilletés du Silurien supérieur ( Sl2b de l’ancienne carte géologique) ou de la formation de Ronquières (RON) (schistes noirâtres, à niveaux silteux, fins, laminaires, parfois un peu gréseux.(Silurien, série Ludlow, étage Gorstien).

Cette formation a une épaisseur probablement supérieure à 600 m.

La formation de Ronquières (phyllades de Ronquières ; assise de Ronquières) est bien connue. et s’étend quelque peu en amont des vallées de la Sennette et de la Samme. Les affleurements classiques se situent juste au NE du pont de Ronquières, entre le canal et le Mont Godart.

Il s’agit de schistes noirâtres, interrompus tous les 20 à 30 cm, en moyenne, par des niveaux silteux, fins et laminaires, parfois un peu gréseux, épais de 1 à 2 cm. Ces alternances correspondent à des séquences turbiditiques relativement peu énergétiques (distales).

Il ne peut donc s’agir d’une grotte naturelle de terrains calcaires, ni d’un chantoir.

C’est une longue excavation d’environ 25m artificiellement creusée horizontalement dans le flanc du Bois de l’Escaille, par un entrepreneur croyant y trouver du schiste ardoisier (des « scailles »).à la fin des années 1800.

Elle se situe au niveau de l’écluse 38 de l’ancien canal (canal I) aujourd’hui disparu ou de l’écluse 26 du « nouveau canal (canal II), au niveau du Pont à Lalieu, de l’autre côté des « engrenages »

Elle a servi un temps de « grotte des amoureux » ou « caverne des philosophes » lors du goûter matrimonial de Ronquières, le dimanche de Pentecôte, entre 1905 et 1969. On la visitait en prenant un court instant une péniche de l’écluse 39 (sous le « nouveau » canal (III) actuel) et en parcourant les 600m qui la séparait de l’écluse 38, parcours actuellement encombré de nombreuses péniches à quai.

Le chantoir devait être une bouche d’aération.

Attention, ces sites se trouvent dans des propriétés privées.

D’après un texte original de Marc  Jauniaux.

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