C’est donc en 1203 que, pour la première fois, le seigneur d’Enghien, Engelbert, est mentionné comme maître féodal  de tout Ronquières : « in potestate mea et dominio totius ville de Runkeres » (Cambron page 558 numéro  III). A ce moment là et pendant tout le l3eme siècle, les seigneurs d’Enghien le tenaient en arrière-fief du seigneur d’Audenarde: «tenet ad feodum» (Cambron page 585).

Mais ne nous méprenons pas sur le sens des mots: quand nous disons que le seigneur d Enghien était maître féodal de tout Ronquières que Ronquières était en ses mains, etc., il s’agit de droits seigneuriaux, non de propriétés au sens actuel du mot. Comme nous le verrons plus loin, ces dernières furent toujours relativement fort réduites.

A la suite de quelles circonstances, Ronquières est-il venu aux mains des seigneurs d’Enghien? Personne n’en donne une explication. Il est probable que ce fut à la suite du mariage, vers 1200, d’un Engelbert, seigneur d’Enghien, avec Adeluide d’Audenarcle, mariage qu’on trouve mentionné par plusieurs auteurs et généalogistes (32). La mariée aurait apporté Ronquières en dot

Qui était cette Adeluide (Heyluinde) d’Audenarde ? Plusieurs la présentent comme soeur de Gislebert, alors que le Manuscrit II 1260  « d’apres les registres d’Eenham » en fait une fille de Gislebert et Richilde. On accepterait plus volontiers cette dernière parente, à plusieurs égards et, notamment, on comprendrait plus aisément que Richilde ait donné Ronquières en dot à sa propre fille, plutôt qu’a sa belle-sœur.

Quoi qu’il en soit, désormais jusqu’a la fin de l’ancien régime et plus précisément jusqu’au décret du Comite de Salut public du 14 fructidor an III (31 août 1795) , Ronquières restera lié à la seigneurie d’Enghien, quels que soient les différents maîtres qui, par alliances ou achat, en devinrent les seigneurs au cours des siècles, et constituera avec une dizaine d’autres fiefs brabançons, le « francq petit roman Brabant », appelé parfois principauté de Rebecq et pourvu d’une cour féodale à Rebecq.

Ce « francq petit roman Brabant »,  fief d’Enghien, dont les auteurs ne donnent pas toujours la composition avec exactitude comprenait outre Ronquières entier tout ou partie de Rebecq, Hennuyères, Samme (alors sous Ittre), Tubize, Brages (= Beert), Bogaerden,  Bellingen (le plus gros sous Hainaut), Leerbeek, Beringen (aujourd’hui englobé dans Pepingen), Kestergat détaché de Beringen  au 15eme siècle. Le gros de ce petit Brabant provient très probablement du domaine primitif de l’abbaye de Nivelles. Tubize, Brages et les fiefs suivants ont été attribués à un cadet Engelbert d’Enghien par sentence du 18 octobre 1383 de la cour féodale de Genappe.

On cite quelquefois encore Seneffe comme en faisant partie. En réalité une seulement des huit seigneuries de ce village dite Seneffe-Enghien appartint un certain temps aux seigneurs d’Enghien.