Le Chateau
Ce n’est peut-être pas le Manoir le plus ancien de Clabecq et on n’en connaît pas la date précise de construction. Ce quoi est sûr c’est que la première partie construite fut le donjon ( la grande tour Nord-Est) et qu’on a ensuite assisté à un développement classique avec l’apparition des ailes au 17ele siècle et d’une cour rectangulaire et fermée. Ce n’est qu’à la fin du 17eme siècle qu’on a abattu la façade pour laisser entrer le soleil et profiter du panorama.
Le parc avait déjà fière allure auparavant mais c’est le Marquis de Sayve , après 1824, qui développe le jardin et le parc avec une multitude d’arbres séculaires et des allées soignées.
Construit sur un éperon rocheux qui domine la région le Château fut bâti sur une surface de onze ares, ses murs faisant cinquante centimètres d’épaisseur. Il comptait alors 79 fenêtres,
En 1860, le Marquis Jules de Sayve était propriétaire d’un domaine comptant au total 186 hectares soit près de la moitié du territoire communal avec, outre le Château, des terres, un bois, un moulin et une carrière exploitant la « pierre de Clabecq » , roche sédimentaire surnommée le « faux diamant ».
Les propriétaires
Quatre grandes familles nobles se sont succédé dans le château de 1500 jusqu’au début du 20 eme siècle.
Les Cotereau
Cette famille est originaire de France. Léonard de Cotereau, à la fin du 15 eme siècle, est le premier à porter le titre de seigneur de Clabecq. Ce sont ses enfants et petits-enfants qui développeront la structure du Château, alors demeure austère, havre de paixet de repos entre deux campagnes guerrières pour ces hommes d’épée. Ce sera d’ailleurs la principale fonction du Château jusqu’au milieu du 19eme siècle.
Les de Flodorp
Ils héritent, par alliance, du Château à la fin du 17eme siècle. Ils le garderont une centaine d’années.
Les de Sayve
Cette vieille famille du 15eme siècle obtient en 1821 et à très bon prix le Château entouré de terres ( 140 hectares) exploitées par deux fermes, plus 44 hectares de bois, un moulin et quelques maisons. Personne haute en couleur, Jules de Sayve est aussi un militaire notamment au service de Napoléon. C’’est à lui que l’on doit l’embellissement du site.
Les Snoy
Dans la deuxième moitié du 19eme siècle, Charles Snoy épouse Claire de Sayve et prend possession du Château. C’est le premier propriétaire non militaire depuis le 16eme siècle. Issu d’une prestigieuse famille enracinée dans la région, il aura une activité politique intense au sein du parti catholique. Raoul, son héritier, meurt en 1919 et sa veuve loue le Château , un an plus tard, à un industriel bruxellois, monsieur De Stordeur qui achètera le bâtiment aux héritiers en 1923.
C’est la fin de la période glorieuse du Château, havre de paix pour gens d’armes.
Maurice Cauchie
En 1937, c’est Maurice Cauchie, un autre industriel, qui achète le Château. Il le revendra le 5 février 1947 aux Forges de Clabecq. Le parc et les terres ont alors loties et le nouveau quartier prend le surnom de « Texas ». Le Château sert à abriter des familles italiennes venues travailler en plein renouveau d’après-guerre.
L’intérieur du château vers 1920
Le milieu du 19eme siècle fut certes la période la plus glorieuse pour ce manoir. Les armes se sont tues, les épées sont au fourreau, les chatelains sont présents, le parc s’est embelli. Bref, la paix est revenue.
Le château qui n’avait connu depuis deux siècles que bruits de bottes furtifs de militaires pressés ou de pas lents de vieux soldats qui, ruminant leurs exploits de jadis, demandaient à la vie quelque répit encore, ce château s’était maintenant ouvert au soleil, aux sourires et aux souvenirs glorieux.
De cette période heureuse, où s’y mariaient Comtes et Marquises, on peut se faire une petite idée par le mobilier qui, en 1920, ornait l’intérieur.
Entrons-y. Ouvrons les portes.
Au rez de chaussée, deux vestibules réunis par un couloir nous accueillent. Une armoire en chène, un banc de chène sculpté ainsi qu’un vase en terre cuite ornent ce lieu.
Passons au salon où, sous les stucs aux moulures rehaussées d’or, nous découvrons un bureau Louis XV hollandais ainsi qu’une table en marqueterie, de même style et même époque, accompagnée d’une autre petite en chène garnie de velours. Complétant ce mobilier, deux commodes en marqueterie, un petit meuble scriban à tiroirs.
Sur la cheminée, une pendule, des candélabres, deux vases en bronze. Aux murs pendent des portraits de famille, entre autres celui de Barbe Dieudonné de Flodorp, d’Antiine Otton de Flodorp, de Jean-Jacques de Flodorp, Marquis de Siply. Plus tard vinrent s’ajouter un portrait de Charles Snoy, son buste, œuvre de Jef Lambeau ainsi que de Marguerite Snoy peint par Portaels.
Un autre représentant une charge de cavalerie, peut-être œuvre du Marquis de Sayve ( il avait quelques talents de peintre) rappelait, s’il le fallait, qu’en ces lieux, pendant deux siècles avait vécu une noblesse militaire.
Du salon nous humons les fumées qui filtrent d’un fumoir contigu. Ici, une table ronde en acajou et en marqueterie, un coffre en chène, portant le nom de Marguerite, un meuble bureau en racine de noyer et de citronnier. Aux murs trois gravures Louis XVI, un dessin au crayon décorent ce lieu que viennent encore orner quelque onze cruches en Raeren et Bouffioulx.
Dans la salle à manger, retenons comme dignes d’attention une petite étagère en marqueterie et deux candélabres d’époque 1830. Pour compléter le tour du propriétaire, au rez-de-chaussée, la chambre dite « Académie » est ornée d’un tableau de Teniers et d’un portrait de jeunesse du baron Charles Snoy.
Pour accéder aux étages, le grand escalier orné d’un tableau représentant un jeune homme cuirassé. Sur le palier, une statuette ancienne de chêne sculpté.
Le corridor donnant accès aux chambres contient deux commodes en bois peint.
Quant aux chambres, trois sont dignes d’intérêt. Celle en face de l’escalier où l’amateur trouvera une armoire gothique en chêne avec plaques d’acier et un portrait de Mademoiselle Marguerite Snoy.
La chambre dite la grande se voit ornée d’une garde-robe en chêne sculpté d’époque Louis XV, d’une pendule, et de candélabres ainsi que de deux portraits de la famille Snoy.
Quant à la troisième, celle dite au midi, c’est-à-dire donnant sur la cour, outre un portrait à l’huile de la Baronne Ch. Snoy, elle contient un secrétaire en marqueterie.
Tel était le mobilier principal digne d’intérêt dans lequel vécurent les derniers châtelains de Clabecq.
