D’après une publication originale de Gaston Neukermans dans  « Entre Senne et Soignes » de décembre 1995.

A découvrir dans ce chapitre
Les traditions se ramassent à la pelle..  |   « A guiguite » sur la Haute Sennette ! (A califourchon).   La genèse d’un « goûter ».  |  Un pas en arrière pour mieux sauter.  |   Eureka..  |  Sous les feux de l’actualité..  |  Une confession révélatrice.. |  Tricot sur la sellette ! |  Un vent de fronde a soufflé ce matin. |  Enfin Georges Wargnies vint !   |  Subtil discours de la présidente.  |  Quelques extraits significatifs.  |  Pour Tricot la vie commence à 20 ans !   Au pays des dindons …. | Agapes matrimoniales en quête d’identité.  |  Les prémices du goûter ronquiérois.  |  La spécificité ronquiéroise  |   Apothéose Emilienne (1909).  |  Pars, pars, pars pour Cythère !  |   La gloire est au bout du chemin.. |  Guerre des goûters à fleuret moucheté.  | Quelques exemples de fêtes de la Pentecôte..  Embrassons-nous Folleville !

1. Les traditions se ramassent à la pelle

Toujours en explorant le rayon des divertissements, nous avons choisi pour vous une fête nouvelle issue d’une vieille coutume en perdition et se rattachant au cycle des « filles à marier ». Il s’agit du gouter matrimonial.

Notre souci aujourd’hui est de mettre en valeur quelques figures de promoteurs de chez nous désireux de rendre à nos villages en pleine mutation une raison de vivre et d’espérer. Associer dans un même élan l’attachement à son coin de terre, l’intérêt légitime de ses habitants et l’amour, tout court, en vue du mariage est une gageure qui fait honneur au flair et à la diplomatie de leurs géniteurs, têtes pensantes, imaginations débordantes en totale symbiose avec l’air du temps et les aspirations populaires de nos « arsouilles » de village. Il faut peut-être remonter au Moyen Age pour retrouver un pareil élan collectif se développant en marge des fêtes traditionnelles.

Ces événements sont si proches de nous que nous sommes à même de reconstituer le processus de leur création et de permettre ainsi à nos fidèles lecteurs d’assister, comme « en direct » , à la naissance d’un nouveau folklore sans devoir pour cela recourir au « Merveilleux des légendes ».

L’itinéraire que nous vous proposons part d’Ecaussinnes Lalaing (1903), passe par Ronquières (1907), flirte avec le Bois des Rocs et les ruines du château de Fauquez, fait un petit détour improvisé par Quenast (1932) avant d’atteindre Ittre dans une forge musée (1963).

2. « A guiguite » sur la Haute Sennette ! (A califourchon)

Plantons d’abord le décor des lieux qui enfantèrent le premier « gouter monstre ».

Lorsque la Sennette pénètre dans l’agglomération écaussinnoise, elle n’est encore qu’une petite rivière, un gros « ri » qui, au cours des millénaires a creusé patiemment son passage dans un sol farci de petit granit, de calcaire et de grès qui n’a pu lui offrir qu’une étroite vallée aux versants escarpés.

En suivant le fil de l’eau on trouve à gauche Ecaussinnes d’Enghien, le « Grand Village », à droite Ecaussinnes Lalaing, le « Petit Village » petit par sa superficie mais grand par la renommée qui l’attend !

Les « places » des deux villages sont si proches l’une de l’autre qu’il suffit de deux petits ponts discrets pour passer de l’une à l’autre sans s’en apercevoir. L’un enjambe les « eaux vives » de la Sennette et l’autre franchit un bras de dérivation conduisant autrefois les « fausses eaux » avec la roue du « Moulin Brulé » ( moulin banal de la Seigneurie de la Follie).

Entre les « places » et le « Moulin Brulé » se cache, au plus bas de la vallée le hameau de la « Bassée », une « venisette » au ras de l’eau avec des maisons souvent blanchies à la chaux des chaufours, quelques arpents de terre et d’eau  avec de ci, de là de petits ponts de pierres ou de planches pour accéder aux habitations ou au stand de tir à l’arc au berceau, aujourd’hui oasis de paix où le temps semble s’être arrêté !

Tout en haut des versants abrupts, comme deux grandes nefs voguant de concert dans les nuages se dresse à gauche l’église Saint Rémy (1778) à l’extrémité de la rue haute, à droite l’église Sainte Aldégonde( 1501 pour la partie la plus ancienne).

Et si on y rajoute dans un périmètre restreint, en amont le château-fort de Lalaing, fièrement campé sur son piton rocheux et en aval le château de la Follie avec son parc romantique et ses hêtres séculaires, vous aurez tous les ingrédients nécessaires et suffisants pour inaugurer le « gouter matrimonial » dans un décor de carte postale.

3. La genèse d’un « goûter »

A Ecaussinnes-Lalaing, deux noms de promoteurs comblés !

Onésiphore Marcel Tricot, le concepteur (1883 – 1963) . Il préfère qu’on l’appelle Marcel bien qu’avec un prénom pareil, humant bon l’Antiquité ou la Révolution Française on puisse s’attendre à tout. Dans ses écrits, il signe « Lecram », anagramme de Marcel lu de droite à gauche. Il souffre donc de ses deux prénoms refoulés, le premier trop « pompier », le second trop couru sans doute !  Il n’aimait pas non plus son patronyme « Tricot », trop popote, puisqu’il signait « Lecram ».

Georges Wargnies, l’organisateur et maitre des cérémonies (1873 – 1927), fils d’un tanneur de la « Bassée » (aujourd’hui place Wargnies ) où eurent lieu les premiers gouters (1903 à 1905) pour émigrer par la suite sur la « Place des Comtes » plus vaste, au pied du château féodal.

En résumé, un jeune homme de 20 ans malicieux mais sans grande expérience et un célibataire de 30 ans très convivial, pondéré et habile diplomate.

Pour mieux connaitre Marcel Tricot, lisons ensemble ce qu’il nous confie, à 69 ans, lorsqu’il égrène ses souvenirs.

« Début mai 1903, je confectionne avec des caractères en caoutchouc une seule et unique affiche annonçant à l’occasion du r’moulladje du mai de la bassée un gouter monstre offert à MM les célibataires par les 60 jeunes filles à marier du Centre du Village ».

Ces dernières lignes sont pure invention de sa part. Rien n’est prévu à cet effet ! Mais notre jeune homme veut créer l’événement, mettre la jeunesse, les gens, les autorités au pied du mur.

De deux choses l’une : soit le plan ne réussit pas et tout se termine par un grand éclat de rire, une bonne farce de village, soit il réussit et alors … on verra. « On jugera sur pièce » conviennent les deux apprentis sorciers.

4. Un pas en arrière pour mieux sauter

Le « Mai » est un arbuste symbole qu’on plantait autrefois pour fêter le renouveau de la nature au printemps et, par voie de conséquence, une fête de la jeunesse et de l’amour naissant. Pensez au « Meiboom » à Bruxelles et aux « Mats » en Suède.

Aux Ecaussinnes, vers 1900, alors que cette coutume ancestrale avait disparu depuis longtemps, il arrivait encore que, dans certains hameaux, des garçons plantent un petit bouleau en l’honneur des filles.  Le plus souvent un substitut de bouleau et un simulacre de plantage. Ce qui donnait aux filles l’occasion de les inviter chez elles avant d’aller danser ensemble dans le café voisin. Du faire chennance » (semblant) de bon aloi, un scénario bidon pour sauver la face ! Une honnète fille se compromet quand elle invite chez elle des jeunes gens. On jaserait !

En fait, une party qui ne dit pas son nom !

Premier tableau : le chœur des filles en confidence aux garçons : « V’nez planter vos p’tits bouleaux et nous irons danser ! »

Deuxième tableau : Le chœur des garçons répond : « D’accord mais faudra r’mouilli tout ça ! « Ce qui signifie : »N’oubliez pas de nous donner à boire et à manger ! » Car la fête commence toujours vers 16 heures, à l’heure du « r’ciné » ( goûter) que personne à la campagne n’aurait voulu sauter !

C’est ça le r’mouilladge du mai !

5. Eureka

L’année précédente ( 1902) Marcel Tricot avait assisté à une de ces sauteries sur la place de la Bassée. Il avait alors 19 ans, était bien élevé, timide, cultivé, très observateur et cartésien par surcroit !

Il eut vite compris que ces velléités de fêtes folkloriques n’étaient en somme qu’un prétexte mitonné par certains cabaretiers imaginatifs, préalablement assurés de la complicité des filles, afin d’attirer chez eux la jeunesse du dimanche qui n’avait que ce jour-là pour s’amuser. Nos cafetiers et cafetières venaient d’inventer un « gouter » à leur manière.  C’étaient de merveilleux animateurs de village à une époque où il n’y avait ni cinéma, ni radio, ni télé, ni même l’électricité sauf le long du canal pour alimenter d’éphémères tracteurs électriques.

C’est ce jour-là que notre Tricot visionnaire eut son illumination. La voici :

  1. Réaliser en grand et ouvertement ce que d’habitude les cabaretiers concoctent en tipinois …
  2. Oser proclamer à la face du monde que les filles à marier ont le droit de susciter des rencontres avec des célibataires de partout et de faire table commune avec eux en leur offrant un « gouter » collectif et public.

C’est net, propre, adulte et pas du tout humiliant pour elles.

Mais d’où lui viennent donc ces idées féministes ?

Il a deux sœurs de 25 et 18 ans. L’ainée est près de coiffer Sainte Catherine, âge fatidique. Elles sont ouvrières tailleuses, une corporation de femmes aux idées audacieuses et au verbe incisif.

Et voilà notre jeune puceau métamorphosé en « Chevalier Modern » galopant au secours des filles délaissées, obligées d’attendre qu’un jour un Prince Charmant veuille bien les délivrer de leur solitude. Sympathique, non ?

Il met tout un hiver à fignoler sa méthode. Pour réussir son coup, il utilisera à bon escient la presse et la publicité, les deux puissants leviers de commande du vingtième siècle naissant. C’est son job depuis toujours. Imprimer et vendre, ça le connait ! A 15 ans, il représentait déjà dans son village une firme de Bruxelles imprimant des cartes de visite (1,50 francs les 100 cartes avec en prime un timbre en caoutchouc).

Début mai 1903,, il confectionne avec des moyens de fortune sa célèbre affiche, séditieuse, provocante et mensongère qu’il va placarder, la nuit, près de l’église , la meilleure place pour être lue. Sans le moindre scrupule, il embarque dans son aventure les 60 filles du Centre du Village (non consultées) pour en faire des parangons de l’émancipation féminine, 22 ans avant les « Années Folles ».

Voilà pourquoi l’attention de la presse nationale et internationale va se focaliser sur les « Ecaussinnettes » et leur « Goûter », à la grande satisfaction de notre jeune publiciste amateur qui « pour un coup d’essai réussi un coup de maitre ».

6. Sous les feux de l’actualité

Dans ses mémoires, Onésiphore le Héros poursuit : « Le texte de l’affiche est transmis à 20 journaux qui félicitent alors les Ecaussinnettes de leur initiative vraiment hardie pour l’époque ».

Ces journaux, soigneusement choisis, sont affiliés à une agence internationale qui expédie à l’étranger le texte des articles les plus médiatiques ( France, Angleterre, Hollande…). Tricot junior n’est pas un néophyte en la matière, plutôt un adroit manipulateur bien au courant des dessous de la presse.

Le premier journal Bruxellois à faire paraitre l’annonce est « Le Petit Bleu »  , comme par hasard ! « Le Patriote » prudent, croyant que c’est peut-être un « canard qu’on lui jette entre les pattes » s’adresse télégraphiquement aux Authorités Communales pour confirmation … avec réponse payée. Le secrétaire communal, père de notre héros, son complice si pas son mentor, fort d’agir dans l’intérêt de sa commune répond par l’affirmative. Suit un abondant courrier venant de partout adressée aux Ecaussinnettes et louangeant leur initiative. Tricot et Wargnies se substituant à elles, répondent à chaque missive avec un sérieux imperturbable sur du papier à entête communal. On ne compte plus les abus de confiance !  « I d’ont risqui n’belle ! » dit le wallon de chez nous.

7. Une confession révélatrice

« Je n’aurais jamais cru qu’avec une dépense de moins de 50 centimes, mon idée zswanzeuse aurait fait la renommée des demoiselles du Petit Village et … une mine d’or à exploiter comme disait en 1904, au bourgmestre, une envoyée spéciale d’un grand quotidien anglais » LECRAM.

Tricot reconnait donc que son but initial n’était pas de faire la renommée des Ecaussinnettes ni la gloire de son village. Mais, alors, pour qui et pourquoi cette supercherie ? Pour faire une farce !

Seul garçon d’une famille unie, il est choyé par sa mère et ses deux sœurs. L’ainée s’appelle « Espérance » , tout un programme ! Elle a cinq ans de plus que lui, une seconde maman ! Et il irait se moquer d’elle parce qu’elle approche de la « Sainte Catherine » ?

La réponse est beaucoup plus simple . Ce jeune homme tranquille pense à lui, à son propre avenir. Il sait que pour être un « homme » en 1903 il faut être capable de nourrir une famille. Et lui, il n’a même pas une situation stable. Il veut donc explorer ses possibilités, tester la puissance de la presse et de la publicité sur l’opinion publique.  C’est ça qui l’intéresse car il rêve d’avoir un jour un « petit journal » à lui. Il fait ce qu’on appelle aujourd’hui de l’expérimentation comme le font encore tous les jeunes gens curieux, maniant en secret les ordinateurs les plus sophistiqués sans trop savoir ce qui va en sortir !

De toute façon, son canular a déjà eu une retombée positive. On parle de lui er les agences de presse le connaissent : « un coup de poker pour se faire des griffes ».

8. Tricot sur la sellette !

Qu’il ait 20 ans en 1903 et qu’il veuille assurer son avenir, quoi de plus normal !

Il est libre de service militaire car il a tiré un bon numéro au tirage au sort du 31 janvier 1903. Diplomé à 16 ans d’une école de dessin proche, il a déjà exercé quelques petits métiers : apprenti tailleur de pierre, apprenti sculpteur, garçon de bureau à mi-temps … mais l’entreprise avait du fermer ses portes.

Mais alors, d’où lui vient cette connaissance pratique des milieux de la Presse et de la Publicité ? Et ce besoin d’écrire, d’informer, d’imprimer, de correspondre ?

Il nous a tout expliqué !

Son aieul paternel, instituteur communal pensionné avait fondé en 1871 le premier  journal de son village intitulé « La publicité » titre ô combien éloquent qui parut jusqu’en 1878. IL avait aussi publié pas mal d’articles d’Histoire locale dans des revues sérieuses et spécialisées.

Son père, Cyrille Tricot, secrétaire communal à Lalaing de 1881 à 1908 lança en 1886 « La flèche Belge » organe des tireurs à l’arc, imprimée à Nivelles chez Havaux-Houdard et qui parut régulièrement jusqu’a la veille de la seconde guerre mondiale. Il créa aussi une ‘Académie Wallonne d’Ecaussinnes » sorte de café littéraire qu’il présidait et qui accoucha d’un « Glossaire wallon local ».

Onesiphore Marcel a donc tout intérêt à vouloir leur emboiter le pas, tout au moins en ce qui concerne l’écriture, l’imprimerie, la publicité car pour le reste, il sait qu’il n’a pas leur envergure, leur talent, leur convivialité. Ni fumeur de pipe, ni buveur de bière ce jeune homme est un solitaire, un taiseux qui voit tout, sait tout mais se contente de sourire. Son ambition ? Editer un petit hebdomadaire local comme il y en a des dizaines à Braine et  à Nivelles. Certes, il ne s’enrichirait jamais mais il trouverait son bonheur à exercer un métier passionnant.

Il n’en demandait pas « prou », c’était un sage de chez nous.

9. Un vent de fronde a soufflé ce matin.

Mais revenons à l’affiche incriminée !

Elle comporte un dernier paragraphe qui eut le don de hérisser nos suffragettes.

« Etant délaissées par un grand nombre de nos concitoyens, nous prions les jeunes gens des environs de bien vouloir participer au dit « gouter » est espérons avoir sous peu le plaisir d’assister à de nombreux mariages » . Signé « Les 60 filles à marier » dont plusieurs sont sur le point de coiffer Sainte Catherine.

La réaction féminine fut cinglante !

« Voilà qu’on nous fait passer pour des « demeurées » dans notre propre village ! Atteinte grave à l’honneur d’une femme ! Nous qui travaillons toutes, pourquoi irions-nous implorer l’aide d’étrangers qu’on ne connait pas et qu’on n’a jamais vu ? D’ailleurs, la « Sainte Catherine » ne nous fait pas peur. Et qui a écrit tout cela ? Un fils à papa qui n’ose même pas nous regarder droit dans les yeux ! «

Jugez après cela le choc encaissé par notre « preux chevalier » qui ne s’attendait pas à tant d’ingratitude. D’autant plus qu’une partie de la population, par horreur du changement, prenait parti pour les contestataires.

Allions-nous assister à une « fronde qui gronde contre le Mazarin-Tricot » ?

Il faut reconnaitre qu’effectivement des jeunes gens de familles aisées ou cultivées toisent parfois les filles du village avec une certaine condescendance. D’autre part, l’état-civil se plaint de la diminution du nombre de mariages à Lalaing vu que de nombreux jeunes employés ou ouvriers faisant quotidiennement des navettes en chemin de fer sont portés à épouse des filles qu’ils côtoient dans le train ou dans leur entreprise.

10. Enfin Georges Wargnies vint !

Tricot, visé au premier chef, se défend mal et risque de tout faire capoter. C’est alors que Georges Wargnies prend sur lui de mener à bien l’entreprise. Pour juguler ce vent de révolte, il entame une « opération sourire », déployant des trésors de patience et d’ingéniosité pour calmer les plus exaltées car il ne reste que quelques semaines pour convaincre et organiser le « Gouter Monstre », promis pour le 1er juin 1903, une vraie course contre la montre. Le canular fait courir ses inventeurs.

En toute hâte, on improvise un Comité de Filles qui désigne une présidente du gouter ( pas une reine car il ne faut pas toucher à la famille royale) qui s’appelle Céline Lelièvre, une fille d’un cabaretier de la Bassée. Elle a 32 ans et peut donc parler de célibat en connaissance de cause ! On l’écoutera car elle a une bonne diction et une voix qui porte, indispensable quand on lit un discours en plein air et sans micro.

La grande croisade de Georges Wargnies porte enfin ses fruits. Les filles contestataires sont de plus en plus bouleversées en prenant connaissance de la teneur du courrier qu’il leur a adressé. Outre les félicitations d’usage et les vœux de bonne réussite, voici qu’arrivent des appels angoissés. Des confidences et des propositions parfois maladroites de célibataires malheureux qui implorent leur aide. Même de l’étranger ! Leur cœur de Mimi Pinson craque. Même les plus obstinées s’y laissent prendre non sans avoir lancé une dernière et cynique justification : » Puisque le poisson mord à l’hameçon, il vaut mieux se trouver du côté du pêcheur ! ». Et chacune de se mettre à l’ouvrage avec le bel enthousiasme des repenties !

Wargnies triomphe. Tricot se retire sur la pointe des pieds, laissant aux autres l’honneur de se porter à l’avant.

11. Subtil discours de la présidente.

On repense à notre jeune prodige quand il s’agit de rédiger le « Discours de la Présidente ». Il le fit avec intelligence sur un petit ton patelin qui cache mal son amertume.

On vieillit mal à vingt ans !  Tricot toujours si prudent digère mal sa mésaventure et ne comprend pas.

La rencontre entre filles et garçons qu’il a imaginée n’a qu’un but : le mariage et pas la bagatelle ! Ce faisant, il ne heurte ni l’opinion publique ni le curé du village. Et son « goûter » fixé au lundi de Pentecôte ne contrarie nullement les festivités prévues pour le dimanche, qu’elles soient civiles ou religieuses. « Pourvu qu’on ne m’en tienne pas rigueur et que mes projets d’avenir n’en souffrent pas «  pense-t’il.

Le discours de la Présidente repose sur une ambigüité subtile.

Ceux qui savent que Tricot en est l’auteur pensent tout de suite que ce finaud de Marcel en a profité pour faire dire à la Présidente tout ce qu’il avait sur le cœur, se justifier aux yeux des gens, fustiger ses détracteurs, remercier la presse et se moquer un peu de tout le monde .

Ceux qui ne connaissent pas l’auteur croient entendre une Présidente féministe convaincue, revendiquant le droit au bonheur, à l’égalité et affirmant que les filles du village ont tout fait toutes seules et qu’elles prennent tout sur elles .

12. Quelques extraits significatifs.

  1. Sus aux rétrogrades.

« Lorsque parurent dans les journaux les quelques lignes annonçant aux célibataires du monde civilisé nos intentions matrimoniales, beaucoup de braves gens, imbus de principes surannés firent écho avec quelques vertus effarouchées et plus ou moins suspectes pour nous accabler de sarcasmes  … et pour plaire à ces bonnes gens, nous aurions probablement dû nous vouer au célibat éternel ? «

  1. Pour la « nouvelle donne »

« projet hardi, capable de détruire ces déplorables préjugés condamnant la jeune fille à attendre patiemment sous l’orme le Prince Charmant qui parfois ne vient pas. … Nous sommes heureuses et fières d’être les vulgarisatrices d’un système qui ne manquera pas d’être adopté bientôt partout … »

  1. Paroles flatteuses envers les célibataires, la presse, les journalistes.

« … Vous n’êtes pas restés sourds à notre appel, Messieurs, parce que vous êtes convaincus que l’émancipation de la femme ainsi comprise est une chose excellente… »

« … Joie de voir réunis autour de notre table les plus beaux représentants du sexe fort »

« Si nous goûtons quelques heures exquises auprès de vous, c’est surtout à la Presse que nous le devons »

« A Messieurs les Journalistes qui nous honorent de leur présence, des remerciements bien mérités… »

  1. Finale d’espoir

« … Je termine en vous souhaitant à tous, bonne chance, beaucoup de plaisir en attendant le moment propice des doux aveux… »

Du « Marcel-Onésiphore » dans toute sa splendeur, plus ensorceleur, jongleur et méphistophélique que jamais !

Et si nous ajoutons à cela « l’ardeur du sublime amour conjugal » et « les rapports entre les personnes désireuses de se plonger dans les douceurs de l’hymen » on sera surpris d’apprendre que notre « promoteur de Goûter » ne convola en justes noces que 16 ans plus tard à l’âge de 36 ans.  « Ils vécurent heureux mais n’eurent pas d’enfants ».

13. Pour Tricot la vie commence à 20 ans !

Dès octobre 1903, soit 4 mois après le « goûter monstre » Tricot installe son petit atelier d’imprimerie dans le bâtiment où son aieul avait ouvert jadis une école en 1840.

Il y publie quelques numéros d’une feuille intitulée « L’écho Ecaussinnois » qui, l’année suivante portera le nom de « La Sennette » hebdomadaire affilié à l’Union de la Presse Périodique Belge  et qui un jour tirera jusqu’à 2000 exemplaires.

A la fois rédacteur, imprimeur et distributeur, il va de porte en porte livrer son « canard » aux abonnés du centre du village. Il achètera du matériel plus perfectionné et engagera en 1906 un apprenti ( Omer Deschuyteneer d’Henripont) qui restera à son service, en vrai collaborateur pendant 27 ans. « La Sennette » couvrira les villages voisins grâce à l’aide de correspondants locaux responsables de leurs écrits. Même Virginal et Ittre figurent dans la liste, mais sporadiquement hélas. Elle initiera les riverains à la lecture d’une presse locale et les fera passer sans heurt d’un monde d’hier à un monde d’aujourd’hui.

Les numéros de « La Sennette » , jusqu’ en 1954, précieusement conservés par son neveu R. Roland, fils d’Espérance, ont été confiés au Cercle d’Histoire (CIHL) et font aujourd’hui le régal des amateurs d’histoires locales.

14. Au pays des dindons …

Le « Goûter matrimonial » de Ronquières est l’exemple frappant d’une fête nouvelle copiée sur un village voisin mais adaptée progressivement à la spécificité locale par deux malins compères très motivés, très dynamiques et très expérimentés.

Jules Dekeyn né à Ittre le 13 décembre 1866 d’une mère ittroise (Stéphanie Darquennes) qui épouse Grégoire Dekeyn, maître-brasseur à Feluy. En 1881, il construit à Ronquières une brasserie artisanale qu’il laisse à son fils Jules quand celui-ci est en âge d’en prendre la direction. Président de la fanfare, Jules est un homme amène, farceur et conteur d’historiettes, très soucieux de la prospérité de son village. Et de son commerce.

Emile Michotte, de quelques années son cadet, est d’une autre envergure. Fondateur des Verreries de Fauquez (1901) il vient de Manage où son frère dirige déjà une « Verrerie Michotte ». Nous le rejoignons quand il s’établit à Ronquières et se  mêle de près à la vie et à la politique de la commune. Il y jouera sans tarder un rôle de premier plan. Excellent public-relations, il a le « bras long » et des amis en « hauts lieux ». Il sera entre autres le grand « promoteur » du Tourisme et de la villégiature à Ronquières en ayant soin d’y inclure Fauquez tout proche.

« Ronquières deviendra la commune la plus animée, la plus vivante et la plus commerçante des environs » proclame un tract électoral de 1907.

Vont se succéder, en cascade, des festivités remarquables propres à galvaniser les « bonnes volontés ». Le Cercle Horticole est à l’honneur. Expositions florales concours de façades fleuries, concours de petit élevage et de dindons sans oublier des festivals de musique, concert d’orchestre classique, soirées dramatiques, comédies wallonnes, séances de cinéma en plein air sur grand écran (1908) etc.…

15. Agapes matrimoniales en quête d’identité.

A. Les prémices du goûter ronquiérois

Dès 1905, deux ans après Ecaussinnes Lalaing nous lisons dans la « Semaine Brainoise » :

« Les Ecaussinnoises ont des imitatrices, parait-il. En effet, aujourd’hui 9 juillet 1905, à la kermesse de Chenu (Ronquières) aura lieu à 4 heures un goûter monstre offert par les jeunes filles sur la place de ce hameau.

C’est une « copie conforme » du goûter d’Ecaussinnes imaginée par les filles de ce hameau à la fois commerçant et populaire. Dès filles au « franc parler » comme à Lalaing épaulées par les cafetiers du coin (« El Marchau d’Tchénu » , « El Tonneklinker », « La Belle Hotesse », « Maria du Turc ») groupés au carrefour des routes Braine-Nivelle et Ecaussinnes – Ittre franchissant le pont de l’écluse 39 ( sur le premier canal). Quand aujourd’hui vous prenez le bâteau mouche au plan incliné vous vous trouvez exactement sous ce carrefour mais 10 mètres plus bas, à la verticale.

B. La spécificité ronquiéroise

Le premier vrai « Goûter », officiellement organisé sur la place du village par un comité dûment mandaté eut lieu en 1907, le dimanche de la Pentecote, veille du « Goûter » d’Ecaussinnes. Toutefois, pour ne pas trop déplaire au Ecaussinnois, on décida qu’à Ronquières ce seraient les « Garçons » en mal d’épouse qui inviteraient les filles « du monde entier ». En somme une fête des « Célibataires repentants ». On élut donc un « Président » et non une Présidente. Le premier « Président » fut Raoul Cooreman, future chef de la fanfare, tromboniste. Sa modestie était si grande qu’il n’en a jamais soufflé mot aux journalistes des années 30, d’autant plus que l’un de ses amis revendiquait cet honneur (à tort) car il s’agissait dans sa mémoire du « Goüter new-look » de 1909 remodelé par Emile Michotte.

Les élections de 1907, favorables à Emile Michotte et sa coalition, le propulsent à l’échevinat. Sans tarder, il va briguer le mayorat. Sa meilleure propagande consistera à faire du modeste « goûter » un grand événement médiatique. N’allez pas pense qu’il ne fit que cela, ce serait le mésestimer. Il n’avait rien d’un homme futile bien que ses adversaires l’appelaient, par dérision, le Bel Emile.  Mais les femmes l’admiraient, le trouvaient très élégant, fort gentil. Il épousa une fille du village, la plus jolie, la plus coquette, comme dans les contes de fées.

16. Apothéose Emilienne (1909)

Durant les trois mois qui précèdent le gouter, un tapage publicitaire déferle dans les villes et villages voisins. Ronquières est en ébullition. Les « bénévoles » sont légion et les trains de la Sennette particulièrement sollicités. Affichettes et macarons collés à la sauvette, cartes d’invitations, cartes postales distribuées dans les compartiments, jusqu’à Bruxelles, on ne parle que de ça ! L’enthousiasme populaire est à son comble car ici, tout est plus facile qu’à Ecaussinnes. Ce sont des pléiades de jeunes gens émancipés, aptes à faire rever les filles qui se chargent de la publicité.

Proposez aux jeunes un projet exaltant et ils feront des merveilles ! Dekeyn a 44 ans et Michotte 40. Le but est proche. Pourvu qu’il ne pleuve pas !

Film de la journée d’après les articles du « Hainaut-Brabant » et les belles affiches joliment agrémentées de dindons et très couteuses. On en commande mille d’un coup, vierges de texte, pour les utiliser les années suivantes.

Le matin, promenades accompagnées  si on le désire. Les cicérones sont d’aimables adonis locaux. On ne parle pas de mères encombrantes et inopportunes, tout se passe en plein jour. Les mères n’apparaitront qu’à la nuit tombante pour le bal du soir. Visite des plus jolis sites , foret de la Houssière, ruines du château de Fauquez, le bois des Rocs et ses Pierres Druidiques et sa chapelle des amoureux.

Dans l’après-midi, arrivée du train de Bruxelles à 13 H 15 en gare de Ronquières. Y descendent les promeneurs ordinaires du dimanche et des volées de filles, séduites par la réclame et qui n’ont pas hésité à venir voir la « Foire aux Fiancés… »

Eve Eternelle ! La curiosité l’a plus souvent perdue que l’amour !

Le village s’anime, les terrasses des cafés sont envahies. Bière locale au tonneau, tartes, pains fourrés, gosettes. Tout est délicieux : jeunes filles, toilettes, grisette (bière) et sandwichs. Déjà il y a foule : touristes en bande, étudiants en goguette, familles en promenade. Ici, deux jeunes italiennes en robe folklorique, guitare et mandoline chantent « Sole Mio ».

Plus loin, des Hercules de foire dont des poids, des camelots vous accrochent ainsi que le marchand de « coco » qui veut absolument vous faire gouter de son breuvage exotique au jus de réglisse très rafraichissant

Tout à coup, la fanfare locale se déchaine, trombones en avant, faisant écho dans la vallée. La moitié des visiteurs leur emboitent le pas au son entrainant de fringants pas-redoublés. Le reporter va même jusqu’à reconnaître « L’enfant du métro » de Richard Wagner.

Fierté qu’on lit dans les yeux des familles accourues sur leur « devanture » pour acclamer la fanfare, la foule et les enfants qui zigzaguent tout autour.

17. Pars, pars, pars pour Cythère !

Nous voici arrivés à l’embarcadère. Un « vaisseau » glissant sur l’eau tranquille du canal, accoste au quai. Il est décoré de « mais » ( bouleau) et de fleurs de myosotis. Il décharge sa cargaison de passagers et refait du lest avec une cinquantaine de « dindons » endimanchés ( pas gentil le journaliste) , couples jeunes et moins jeunes enchantés de « voguer sur l’onde » pour la première fois. Puis le bateau repart au pas mesuré du cheval de halage, pomponné comme à un concours d’étalon, tirant derrière lui une modeste barge de travaux… car le nouveau canal 2 est déjà livré aux terrassiers, parallèlement à l’ancien. Le parcours jusqu’à l’écluse 38 de Pont à Lalieu est d’environ 600 mètres.

Tout le monde descend !

Joyeuse escale avec visite de la caverne des philosophes !

C’est une longue excavation ( 25 mètres ?) jadis creusée horizontalement dans le flanc du Bois de L’Escaille par un entrepreneur croyant y trouver du schiste ardoisier (des scailles) . Malgré l’obscure clarté répandue par les bougies distribuées à l’entrée, il serait impossible à Cupidon d’y rien voir.. Il est vrai qu’il a souvent les yeux bandés…

Que de baisers échangés avant de reprendre le bateau du retour !

18. La gloire est au bout du chemin

A partir de 15 heures, Grand-Place réception officielle des demoiselles, discours de bienvenue du Président, signature du « Livre d’Or ».

A 16 heures, « Goûter Monstre » en plein air avec de savoureux sandwichs au dindon ( noble volatile à la chair succulente).

Le soir à la brune ( soit 2 heures plus tôt que notre ‘ »heure d’été » actuelle) fête vénitienne sur le canal. Un petit bachot chargé de lanternes rouges, vertes et jaunes se balance près de l’écluse en attendant sans doute « L’embrasement de la vallée », illuminations électriques et feux d’artifices conjugués.

Emile Michotte pavoise d’autant plus qu’il deviendra in extrémis la vedette de ce gouter « new look ». Camille Balsacq, président des « Célibataires repentants » vient de perdre son père Séraphin, tenancier de la « Belle Hotesse ». Il ne pourra pas participer à la fête. Le comité exhorte alors Emile Michotte de prononcer lui-même le discours présidentiel du haut du monte-charge du Moulin sur la Grand Place.

Il se laisse convaincre. Hélas, de si haut on ne comprend pas tout ce qu’il dit mais lorsque retentissent les mots « aimons … dansons … chantons «  les applaudissements fusent vers le Héros du jour.

L’année suivante, 1910, Monsieur Michotte est nommé bourgmestre de Ronquières par le tout récent roi Albert Ier.

19. Guerre des goûters à fleuret moucheté.

A Ecaussinnes Marcel Tricot, père de la « Sennette » s’énerve et ne peut cacher son irritation contre les ronquiérois.

Le gouter New Look de 1909 l’inquiète au plus haut point. En mars 1909, la « Sennette » annnce une « Fete originale à Ronquières » et formule des vœux de ‘bonne réussite » Et puis, plus rien, blackout total …

Pour connaitre la suite, il faut consulter la nouvelle feuille hebdomadaire brainoise « Le Hainaut-Brabant » , édité par des amis de Michotte, C’est à elle que les « dindons » confient leurs articles et leur publicité. Tricot ne digère pas l’affront ! La guéguerre est déclarée ! Surtout que les Brainois exhortent leurs compatriotes à venir en foule à Ronquières le dimanche de la pentecôte et qu’ils encensent les ronquiérois pour leur esprit d’initiative, leur conception toute neuve de la fête, un hommage à la nature et à l’esthétique…

Voici comment Tricot s’y prendra pour concilier « vengeance » et « intérêt ».

Pendant plus de vingt ans il ignorera royalement le « Goûter Matrimonial » de Ronquières. Il l’appellera négligemment « Fête de la Pentecôte » sans faire allusion aucune à son déroulement, à son succès ou à ses présidents. Son honneur était à ce prix.

Pour ne pas déplaire à son correspondant local Camille Balsacq, il invitera les promeneurs à aller se désaltérer à la « Belle Hôtesse » !

Pour toutes les autres festivités de l’année, aucune restriction !

Quelques exemples de fêtes de la Pentecôte

1913 : « si vous vous trouvez par hasard à Ronquières ce jour-là, nous vous recommandons « La Belle Hotesse » près du canal «

1914 : « Aux personnes qui se rendront à la fête, nous leur recommandons de s’attabler au café « La Belle Hotesse » d’où ils découvriront un magnifique panorama, une longue perspective rectiligne vers Fauquez » ( sur le canal 1)

1919 : Emile Michotte, très éprouvé par quatre années d’un  ingrat mayorat de guerre et usé par les démêlés continuels avec la Direction des Usines de Fauquez se retire de la vie publique pour raisons de santé. Il ne fut qu’un météore dans e ciel ronquiérois mais son passage conditionna le village pour longtemps.

La Brasserie Dekeyn ferme ses portes et Jules devenu rentier a tout le loisir d’organiser les « Goûters Matrimoniaux ».

Dans les années 1920, Tricot, toujours aussi têtu parle de « Fête à Ronquières »  et glisse rapidement sur des attractions annexes qu’il détaille.

En 1919, grande fête nautique …

En 1922, trains spéciaux « Ecaussinnes – Ronquières » départ à 14H05, arrivée à 14H21, retour à 19H40 et toujours la ritournelle finale : » N’oubliez pas la Belle Hotesse ! »

En 1922, naissance d’un troisième goûter matrimonial à Trazegnies partagé entre Hôtel de Ville et Cour du Château. Aucune réaction de Tricot.

« A Ronquières, les fêtes de la Pentecôte vont attirer la jeunesse des environs qui reçoit un accueil bienveillant ». Une amorce de dégel en termes mesurés.

En 1933, dégel total ! L’embargo est levé ! « La Sennette » ne tarit pas d’éloges sur « La fête des Célibataires de Ronquières » ! Mais Tricot ne parlera jamais de « Goûter matrimonial », sa marque de fabrique en parlant de Ronquières.

20. Embrassons-nous Folleville !

On enterre la hache de guerre car la jeunesse des Années Folles a résolu le problème à l’amiable. Garçons et filles émancipés se « tapent » les deux goûter, l’un après l’autre. Et l’on s’aperçoit qu’ils se complètent magnifiquement.

En lever de rideau le dimanche à Ronquières, une espèce de mise en condition avec promenades écologiques dans la nature, sur le canal, dans les rochers, bosquets et « caverne ». Au bal de l’après-midi ou du soir on se donne rendez-vous pour le lendemain à Ecaussinnes.

Le lendemain, lundi de la Pentecôte, il y a foule sur le plateau de la gare d’Ecaussinnes Carrières ! Des trains spéciaux déversent leur cargaison de célibataires, filles et garçons, vers 2 heures de l’après-midi. Les multiples banderoles tendues au-dessus des têtes rappellent qu’on n’est pas là pour parler folklore ! « Ne chassez pas deux lièvres à la fois « , « Ce n’est pas en suçant son pouce qu’on trouve une épouse ! «

De joyeux groupes se forment en cortège entourant de farandoles la calèche de la Présidente tandis que de petits orchestres ambulants vous entrainent au son de rengaines populaires jusqu’à l’ombre du « vieux manoir » place de la Ronce pour aboutir enfin au « tunnel des amoureux » puis au « Parc de la Follie ». Spécialement ouvert pour la circonstance côté Bois de l’Hayette, il offre généreusement aux amoureux le confort de ses hautes herbes printanières écrasées en « paillasses » quand il fait beau temps.

Avec des ruses de sioux les gamins sont à l’affut, comme toujours….