Au moment du drame calviniste, Ronquières était un village agricole de la mairie de Nivelles et faisant partie de la seigneurie d’Enghien. Au point de vue religieux, il appartenait à la chrétienté de Nivelles et au diocèse de Namur.

La cure était la collation de l’abbé de Cambron qui était gros décimateur. A la veille de la crise calviniste, le curé se nommait Martin Bernard et le clerc Jehan Lhoir. Le maire était Antoine Lechien et le greffier Jean Taminiaux. Eloignée des grands centres et n’ayant avec Braine-Le-Comte et Nivelles que des communications difficiles, Ronquières semblait à l’abri des infiltrations protestantes. En 1568, Ronquières apparut comme un gros centre protestant actif où le maire Antoine Lechien et le greffier Taminiaux font figure de chefs et d’entraineurs avec un organisateur de prêches et de culte.

Il est permis de penser que la dévastation de l’église est l’œuvre de ces gens. Le châtiment exemplaire qui frappa cinq des principaux meneurs souligna la place importante que Ronquières occupa dans la révolte religieuse et politique du 16eme siècle.

Il semble qu’Antoine  Lechien, Jean Taminiaux et le ministre Rémy Taminiaux en furent les principaux animateurs. En les frappant, le conseil des troubles frappait la tête du mouvement. Le ministre Rémy Taminiaux était originaire de Ronquières. En 1541, il exploitait au Charly des Bois une petite ferme nommée « La Brulotte » appartenant à Jehan Charlier et qui lui-même occupait la ferme voisine dite « La couronne » . Ces deux fermes existent encore aujourd’hui et appartiennent à Jules Seutin et à son fils.

Les actes du conseil des troubles soulignent le rôle important qu’il joua dans les affaires de Ronquières et des environs. Cité à comparaitre devant le conseil des troubles, il se déroba par la fuite et fut banni par la sentence du 10 juin 1568. Nous ignorons ce qu’il est devenu. Le plus coupable était Antoine Lechien qui fut décapité. Les quatre qui furent condamnés à la pendaison sont Jehan Taminiaux, le maître Pasquier, Adrien Sainte et  Pierre Taminiaux.

Le maire Antoine Lechien était considéré comme le chef de la révolte ronquiéroise.  Il prit part à la campagne iconoclaste de Ronquières et des environs. Il possédait une maison au confluent du chemin du Gauge, menant à Pied d’Eau et du chemin allant au Bon Dieu de Pitié.

Les meubles furent vendus 67 livres 2 sous et 16 deniers d’Artois. La maison fut prise en bail par sa veuve, Jehan Brackman qui, le 7 juin 1576, obtint la main levée des biens de son mari. Le patrimoine passa au 18eme siècle aux Thinus qui en sont restés propriétaires jusqu’en 1900, date où ils furent expropriés par le premier élargissement du canal. Jean Taminiaux, greffier depuis 1566, possédait de nombreux biens à Ronquières, entre autres la grande maison en face de l’église qui est aujourd’hui la propriété de madame Bierny.

Le conseil des troubles entra en activité dès 1567 et la répression fut terrible. Les condamnations à mort se firent avec des modalités qui marquaient bien des degrés de culpabilité. Un seul fut décapité et les autres furent pendus. Le maire, chef des révoltés fut condamné le 26 mars 1568 de « coupe tête » et mis ladite tête sur une étoque sur la place du village. Le corps fut mis en quartier aux quatre coins de Ronquières et en cas de persévérance de l’hérésie, il sera brûlé tout vif et ses biens seront confisqués.  Les autres coupables, le greffier Taminiaux, Pasquire Dépède,  André Sainte et Pierre Taminiaux furent exécutés, c’est-à-dire pendus.  Des autres inculpés, on se contentera de les bannir et de confisquer leurs biens.

L’approche de l’armée de Alexandre Farnèse jeta l’épouvante sur les révoltés qui, redoutant une répression sanglante, se retirèrent en pays étranger.  Des trois autels de l’église, il ne restait que la table en maçonnerie. On les compléta d’un appareil monumental en chêne que l’évêque de Namur vint solennellement consacrer le dernier dimanche de septembre 1610. Après la sanglante répression  de 1568, tout sembla rentrer dans l’ordre mais le feu continua à couver sous la cendre. La faiblesse des Etats Généraux favorisa le réveil de l’esprit de révolte et les troubles recommencèrent au pays de Nivelles où les pillages reprirent dès 1580.

La nécropole des récollets, à la date du 27 décembre 1580 nous dit ce que vit le gardien des récollets Corneil Pierard. Pour détourner l’attention et par mesure de sécurité, il s’était habillé en laïc.  Il vit les iconoclastes charger sur des chariots les dépouilles de son couvent, les livres du chœur et les ornements sacerdotaux.  Il suivit de loin les chariots jusqu’à Bruxelles où il assista à la vente publique du butin. En 1856, dans la demande d’indemnité qu’ils adressèrent au gouvernement, les récollets estimèrent à quatre-vingt milles florins les dommages subis et accusaient les calvinistes de Ronquières et de Bornival de s’être joints à ceux de Nivelles. De là, l’exode des calvinistes de Ronquières vers la Hollande, la Zélande et l’Angleterre. Ce fut un départ sans esprit de retour, un exil volontaire afin de pouvoir vivre selon sa croyance.

Le second exode entraina le départ des ronquiérois suivants :  Vinchien Walhem et sa femme Françoise Lechien, Wabran Canart et se femme Juliette Delmotte, Pierre Walhem et se nièce Françoise Huon, Jacques le Carlier et sa femme Françoise Huon, Roland Sainte, Pierre Taminiaux et sa femme , Jehann-Nicolas Taminiaux et sa femme Maria Jehan le Vigneron, Pierre Marc et sa femme Catherine Huon, Guillaume Delmotte et sa femme Charlotte Marcelle, Pierre de la Pierre, Clément Bonart, Fiacre Taminiaux, fils du greffier, Louis Parmentier, Mathieu Huon.

Cet exode vida Ronquières de son contenu calviniste. Désormais, la paroisse sera orthodoxe et les curés Guillaume Snoeck, Firmin Bonavoine et Nicolas Serinchamps pourront se consacrer à la restauration matérielle et spirituelle de leur localité.