« Ruisseaux, rivières, canal, étangs ! Que d’eau, que d’eau ! Comment ne pas souhaiter pouvoir s’y baigner un jour et par là même exorciser la peur de la noyade ».

L’apprentissage se fait dans les bassins d’épargne que des éclusiers compréhensifs remplissent d’eau à hauteur voulue. La « baraque » de l’écluse sert de cabine de bain.

D’autres débutants par contre s’essayent tout de suite au canal, liés à une corde attachée à une perche qu’un parent tient solidement de la berge. A moins qu’on ait recours à un pneu d’auto, de moto ou de vélo ! On ne sait pas si on fait de la brasse, du coupé ou du crawl ! On cherche simplement à se maintenir à la surface même si pour cela il faut nager à « patte de chien » ! Par la suite, on se perfectionne en imitant les Nivellois habitués du bassin de l’Ecole Normale, les Brainois qui s’entraînent au Lido de Mons ou dans la Capitale. Au « Saint-Sauveur » par exemple où ils rencontrent des Tubiziens. Ceux-ci, pour se rendre au Canal, empruntent dans le bas de leur ville une ruelle qui traverse la soierie et aboutit au « large » où une guinguette les y accueillera plus tard.

Ailleurs, on préfère l’amont des écluses. Peut-être pas très sain car les épaves flottantes viennent s’y accumuler et le nageur peut tout à coup se trouver nez à nez avec un rat crevé à la dérive. Mais une petite « bassinée » et tout passe en aval ! L’amont est idéal pour les plongeurs. Ils profitent des pierres de l’écluse pour prendre leur élan et piquer de la tête à grande profondeur. A moins qu’ils ne se laissent tomber verticalement dans l’eau comme des chandelles. Quant aux plus téméraires, ils plongent du haut des ponts. On les admire mais on se garde  bien de les imiter.

Si les noyades sont rares, c’est parce que les sauveteurs bénévoles sont nombreux. Un éclusier, un batelier qui tend une perche ou lance une bouée ! Un nageur ou un passant courageux qui se jette à l’eau ! La médaille du « Carnegie Hero Fund » (1911) viendra les en récompenser. Mais beaucoup par modestie ne se feront même pas connaître… ! On est comme ça chez nous !