Les rapports de quelques seigneurs d’Audenarde avec Ronquières ont été décrits au chapitre précèdent.

Nous avons maintenant à passer en revue les seigneurs d’Enghien qui, de ce chef, furent seigneurs de Ronquières, depuis le début du 13° siècle jusqu’à la fin de l’ancien régime. Ils appartenaient

● a la maison d’Enghien, jusque vers 1400;

● à la maison de Luxembourg jusqu’en 1546;

● à la maison de Bourbon Vendôme jusqu’en 1606,

● à la maison d’Arenberg jusqu’à la fin du régime seigneurial.

De larges notices historiques de valeur leur ont été consacrées par Matthieu, le Père Cherubin, Gachard (dans la biographie nationale) etc. Je me bornerai à les énumérer avec quelques détails nouveaux (complémentaires ou rectificatifs) ou intéressant particulièrement Ronquières.

1° Maison d’Enghien.

1. Engelbert d’Enghien ( vers 1244?)

C’est lui qui, en 1203, approuve, en sa qualité de « dominus » de la « ville de Rumkeres » les acquisitions faites par l’abbaye de Cambron (Camb page558). Lequel acte fait croire qu’Engelbert vient d’arriver à la seigneurie de Ronquières : Cambron sollicite en quelque sorte sa reconnaissance par le nouveau maître.

Lui et son fils Jacques donnent en 1218-1222, à l’abbaye de Cambron, les 35 ou 36 bonniers de la terre et bois de Boutegnies (Cambron ppage573-575 et 582-583)

En 1222, il donne â l’abbaye d’Aywières tout ce qu’il avait « sur les prés de Ronkieres » (A. G. R., Arch. ecclés. 5338 1° 50, acte numéro  87; Soign, t. 4 = 1907 page 214). Ceci fut racheté par Louis de Luxembourg le 31 juillet 1443 (Soign. t. 4 page 215).

2. Siger ou Sohier I d’Enghien

Fils d’Engelbert. Il semble être né dans les premières années du 13° siècle (Cambron page 573) et décédé vers 1260. Le 1er janvier 1234, il approuve la cession à Cambron de la dîme de Ronquières (Camb page 582): il semble donc remplir déjà les fonctions de seigneur pour son père.

En 1246, on le voit approuver diverses donations faites à Cambron et régler certaines contestations qu’il avait eues avec l’abbaye « in parrochia de Ronkieres» (Cambron ppage 582-585 ; Flandre numéro  1967).

Le 5 mai 1256, il fait dénombrement de ses possessions brabançonnes (notamment Ronkieres et une partie de Hériepont  au duc de Brabant Henri III (A.G.R Ch.. cptes 1 f 91 ; Cours féod. 543, 8°, f 40; Waut. Table chronologique. t. 5 page 127 etc.).

Il ne s’agit évidemment pas d’Henripont, qui était en Hainaut et ne pouvait relever du duc de Brabant, mais de ce secteur au S.O. de Ronquières, appelé les « démenchures », qui fut défriché par des manants henripontois et que le duc de Brabant se fit restituer (voir Soign. t. 13 = 1953, ppage 115-116).

3. Wautier I d’Enghien (?- 1271)

Chevalier dès 1246 (Butkens II 116); fils de Siger I. Il apparaît comme « dominus » déjà en mars 1260 . (Cambron ppage 597.-599). Il épousa en 3eme noces, en 1266, Marie de Rethel. Décédé en 1271 (Hoebanx page 387 numéro  t).

4. Wautier II d’Enghien (vers 1267 ?-1309 ou 1310)

Fils de Wautier I et de sa 3° femme Marie de Rethel. Il épousa Yolande de Flandre, en 1289(d’après Butkens , 116)  et mourut en 1309, d’après la Nécrologie de l’hôpital de Rebecq.

Ce seigneur eut débat avec le duc Jean II de Brabant à propos

1° du fief de Faucquelz .En réalité il s’agit sans doute non de Fauquez même, qu’on ne voit nulle part relever du seigneur d’Enghien , mais du fief de Samme  qui, lui, a toujours figuré dans les comptes du seigneur d’Enghien à mi partie avec le seigneur de Fauquez);

2° des prestations dues au duc par la court d’Haurut. L’arbitrage confirma le « dominium » du seigneur d’Enghien sur le fief de Faucquelz (sous la suzeraineté du duc); et pour Haurut, reconnut que « le duc n’y a nulles droitures fors tant que li chiens du duc doivent la avoir une giste une fie l’an, outre le char que li bourgeois de Nivelles demandent quand on vat en l’ost ».

Les deux parties marquèrent leur accord la nuit de St Pierre et St Paul de l’an 1306,.

C’est vers cette époque et peut-être en même temps qu’il fut décidé que la seigneurie de Ronquières dépendrait directement du duc de Brabant.

5. Wautier III d’Enghien (5 juin 1302 – vers 1346) fils de Wautier II.

Il est le 1er seigneur  d’Enghien à se qualifier «  sires de la ville de Ronkieres » lorsqu’il approuve, le vendredi après la Saint Barnabé (=11 juin) 1315, l’arbitrage intervenu dans un débat Cambron , communauté du village (= sans doute le curé), au sujet de la nomination du clerc glissier et de l’attribution des « dras, lincheus, candelles et tortis apportés avec les mors » lors des enterrements.

On le voit encore en 1319-1320, donner raison à Cambron dans ses contestations avec la ville de Ronkieres » au sujet de la possession de certaines terres (Cambron ppage 633-635).

6. Siger ou Sohier II d’Enghien (vers 1324? – 1364)

Il est le deuxième  fils de Wautier III et d’Isabeau de Brienne. C’est lui qui, en 1346, succède à son père comme seigneur d’Enghien, car son frère aîné Walter est décédé, célibataire, à 18 ans, en 1340 (Matthieu I page 68).

Il est qualifié (par Matthieu I page 70)  de neveu du duc d’Athènes, tué à Poitiers en 1356.  Il est en fait  son petit-fils. Il épouse Jeanne de Condé (Matthieu I page 77). Le 21 mars 1364, Siger est décapité au Quesnoy, par ordre du duc Aubert de Bavière (Devillers Cartulaire Hainaut. 2 page  57 notes).

7. Wautier IV d’Enghien (v. 1361-18 juillet 1381)

Fils de Siger II. Il a fait relief, malheureusement non daté,  de Ronquières et autres fiefs brabançons (A. G.R. Cours  féodale  reg. 21 f36)

8. Louis d’Enghien

Quatrième  fils de Wautier III et frère de Siger II.

Le 18 octobre 1383  un jugement de la cour féodale de Genappe avait partagé le Petit roman Brabant d’Enghien. Il laissait à Louis, en fief direct, Rebecq, Hennuyères, Ronquières et Samme, tandis qu’il attribuait en sous fief d’Enghien, à Engelbert d’Enghien, frère de Louis, Tubize, Brages, Bogaerden, Leerbeek et Beringen.

Le 12 novembre 1385, Louis établit comme gouverneur et souverain de toutes ses terres… son gendre Jean de Luxembourg (vidimus du 11 avril 1386, cité dans Engh. t. 6 1898-1907 page 322).

Il est décédé en Pouille, en 1390.

9.  Isabelle d’Enghien

C’est elle, deuxième fille de Louis d’Enghien, qui a recueilli par succession de son père les fiefs brabançons du seigneur d’Enghien (notamment Ronquières) (Cours féodale 4 folio228)  Et son neveu, Pierre I de Luxembourg, fera relief des mêmes fiefs par  succession de sa tante Isabelle (Idem).

Hérita-t-elle aussi de la seigneurie d’Enghien?

La question est douteuse: Matthieu l’ignore comme dame d’Enghien tandis que Miraeus  (opage diplom. de 1723 1, page 449)  la qualifie de  « domina Angiae »  mais il croit que c’est elle (et non Marguerite ou Marie) qui épousa Jean de Luxembourg. Par contre, c’est Jean de Luxembourg (époux de Marguerite d’Enghien, fille aînée de Louis) qui apparaît comme seigneur d’Enghien, notamment le 6/7/1393 (Flandre numéro  2023).

Elle est décédée vers 1400-1403.

2 Maison de Luxembourg.

1. Pierre I de Luxembourg (1390-1433)

Fils aîné de Jean de Luxembourg et de Marguerite d’Enghien, fille aînée de Louis d’Enghien, né en Pouille en avril 1390; décédé à Rambures le 31 août 1433. Il  recueille «par succession de sa tante Isabelle » les fiefs brabançons d’Enghien ,y compris Ronquières.  (A. G. R. Cours féodale  4 folio 228 et 21, folio 36)  La date du relief n’est pas indiquée, mais le paiement est enregistré dans un compte 1403-1404.

Le 30 novembre 1411, il achète le moulin de Cambron à Ronquières (Flandre, série I, numéro  1968). Le moulin de Pideau, devenu inutile, cessa de fonctionner.

Vers 1430, il achète la seigneurie de Bornival (C. féod. 21 14v0). C’est son frère Jean qui captura Jeanne d’Arc à Compiègne en 1430. En juillet 1430 il prend en bail pour 18 ans la cense d’Haurut (Flandre, numéro  1969).

2. Louis de Luxembourg (1418-1475)

Fils aîné de Pierre Ier, il est né à Enghien en 1418. II épousa le 16 juillet 1435, Jeanne de Bar.

Le relief féodal est mentionné avoir été fait par Louis  le 17 décembre 1451. 

En 1452, les archers de Ronquières, que Louis avait organisés en confrérie par un règlement de 1446, se portèrent à la défense d’Enghien, menacée par les Gantois.

Louis fit dresser en 1448 – 1449 un « cartulaire des cens et rentes seigneuriales » dus au seigneur d’Enghien et en 1466 un « cartulaire des fiefs ». Ces deux précieux documents se complètent  l’un l’autre. Ils nous donnent une idée détaillée de la répartition du sol et un relevé de la population ronquiéroise de l’époque. Il n’y manque que les propriétés propres du seigneur et le  domaine ecclésiastique de Cambron.

La politique flottante de Louis dans les conflits de ses deux suzerains le duc de Bourgogne et le roi de France, le rendit suspect aux deux adversaires et finit par lui être fatale. Les ducs Philippe le Bon et Charles le Téméraire lui confisquèrent ses biens à deux reprises en 1456 – 1461 et en 1469 – 1474.   Le roi Louis XI, s’il ne nomma connétable de France en 1465, réussit, quelques années plus tard, à s’emparer de lui, le fit juger, condamner et exécuter par décapitation en place de Grève à Paris le 19 septembre 1475.

On attribue à Louis 9 enfants légitimes et au moins 8 bâtards dont Jeanne de Luxembourg qui épousa en secondes noces Engelbert d’Ailly, seigneur de Oisquercq qui y mourut le 16 juin 1557.

3. Pierre II de Luxembourg (vers 1440 ? – 25 octobre 1482)

Il est le second fils de Louis de Luxembourg.

Il fait relief le 23 avril 1480 des fiefs brabançons d’Enghien (y compris Ronquières).

En été 1480, le seigneur d’Enghien et Madame  viennent « chasser les loups » à Ronquières avec 6 archers du serment Saint Sébastien d’Enghien.

Décédé  le 25 octobre 1482 à Enghien où on lui fit des cérémonies solennelles de funérailles les 28 et 29 novembre 1482.

Il ne laissait que deux filles vivantes, Marie, l’aînée et Françoise.

4. Françoise de Luxembourg (vers 1470 ? – 5/12/1523) et Philippe de Clèves, seigneur de Ravesteyn (vers 1459 – 28/01/1528)

Après la mort de Pierre II de Luxembourg, c’est au nom de sa fille aînée Marie que fut fait le relief des fiefs brabançons, le 4 décembre 1482. On peut toutefois se demander si cet acte réglait la succession de Pierre II, d’autant plus que de 1485 à 1487, la seigneurie d’Enghien fut confisquée par Maximilien d’Autriche.

En tout cas, un règlement de succession intervient sans doute au début de 1493, à la suite duquel on voit Françoise, par le canal de son mari Philippe de Ravesteyn faire le relief de ces fiefs le 9 septembre 1494, « par le trépas de son père Pierre ».

En vertu de ce même règlement, la seigneurie de Bornival passe à Charles de Luxembourg, évêque de Laon et frère de Pierre II qui en fit relief le 18 février 1494 ou 1495. Et la donna ensuite à son fils naturel François de Luxembourg (relief au 17 juin 1594).  Celui-ci la vendit à Jean van der Hofstat, dit de Termonde (relief au 16 novembre 1526).

Après la mort de Françoise le 5 décembre 1523, son mari Philippe conserva les revenus des fiefs brabançons (relief le 12 février 1524 = C. féod. 351 f 336) jusqu’à sa mort  survenue le 28 janvier 1528.

5. Marie de Luxembourg (1467? –  1546)

Fille aînée de Pierre II de Luxembourg, héritière de sa soeur Françoise, elle fait relief des fiefs brabançons d’Enghien le 30 juillet 1526 (C. féod. 21 f 36  et 131 f 175). Elle était veuve depuis le 30 octobre 1495, de François de Bourbon, comte de Vendôme qu’elle avait épousé, en secondes noces, le 8 septembre 1487.

En 1530, pour garantir le payement d’une partie de la rançon du roi François Ier, elle consentit à céder en engagère ses domaines des Pays-Bas évalués à 5.500 écus d’or de rente sur base du denier 20 , à l’empereur Charles-Quint (C. féod. 21 folio 36 et 131 folio 606 sqq., 13 mai 1530). Mais dès novembre 1531, elle les racheta. (C. féod. 353 f 35 sqq., 22 décembre 1531). Elle les gardera jusqu’à sa mort, survenue le 1er avril 1546 (et non en 1547, comme l’écrivent plusieurs auteurs).

Vers 1535, Carondelet avait dressé pour elle l’état détaillé de ses biens aux Pays-Bas, y compris notamment le « franc petit roman Brabant ».

Vers le même temps, le même Carondelet, d’accord avec elle, « fit reconstruire de fond en comble, en forme de château le moulin à eau de Ronquières» (Colins, Histoire d’Enghien de 1634, folio 418). Leur intention était d’utiliser ainsi, et dans d’autres grands travaux, les revenus de la seigneurie d’Enghien souvent séquestrée par Charles-Quint (notamment encore vers les années 1540-1543).

Marie avait survécu 9 ans à peu près à son fils aîné Charles de Bourbon.

3° Maison de Bourbon.

Après Marie de Luxembourg, les auteurs citent  comme seigneurs d’Enghien, deux voire trois noms: Charles de Bourbon, François de Bourbon, Jean de Bourbon. L’origine de ces affirmations se trouve, semble-t-il dans Colins (opagecit. f 419, 442 et 483). Leur méprise provient de ce que ces personnages ont été « comtes d’Enghien» et les auteurs ont confondu ces «comtes d’Enghien» avec les « seigneurs d’Enghien ». Or en réalité aucun de ces « Comtes d’Enghien» n’a été « seigneur d’Enghien» et vice-versa, aucun «seigneur d’Enghien » n’a été « comte d’Enghien »

Des seigneurs d’Enghien, belges, il y en a depuis des siècles et, leur série se trouve ininterrompue et complète dans les registres de la Cour féodale, où ils firent l’un après l’autre leurs reliefs des fiefs brabançons d’Enghien, depuis le dernier quart du 14e siècle. Cette série continuera jusqu’à la fin de l’ancien régime. C’est d’eux qu’il s’agit dans la présente étude: ce sont les maîtres féodaux de la seigneurie belge d’Enghien.

En dehors d’eux s’est créée, entre 1530 et 1537, une lignée de «comtes d’Enghien» transformés bientôt en « ducs d’Enghien». Ces titres reposaient sur des terres françaises faisant partie à l’origine du domaine de la famille des Bourbon Vendôme Ces terres françaises furent d’abord (Matthieu I page136) la seigneurie de Nogent-le-Rôtrou (devenu Enghien le François) puis la baronnie d’Issoudun et enfin en 1689, la terre de Montmorency (devenu Enghien). Le titre a pu être créé par François Ier comme marque de satisfaction ou en contrepartie de la cession en engagère de la seigneurie d’Enghien (belge) faite par Marie de Luxembourg à Charles-Quint pour garantir le paiement d’une partie de la rançon due pour le roi de France.

Quoi qu’il en soit, vers 1540, seigneur d’Enghien et comte d’Enghien étaient grand-mère et petit-fils, d’où la confusion rappelée ci-dessus. Celle-ci cesse à partir du moment où le titre de « duc d’Enghien » se constitue dans la branche Bourbon Condé, tandis que la branche Bourbon Vendôme reste « seigneurs d’Enghien ».

1. Antoine de Bourbon (22/4/1518 – 17/11/1562)

Duc de Vendôme, roi de Navarre.

Petit-fils de Marie de Luxembourg et de François de Bourbon, hérite de la seigneurie d’Enghien  par «  le trépas de sa grand-mère ». Son père, Charles de Bourbon, est mort en 1537.

Antoine est déjà qualifié « seigneur d’Enghien» vers 1540 (Ch. Cptes 1982g à 19827) dans les dernières années de sa grand-mère, mais ne le devient régulièrement qu’ « après le trépas » de celle-ci, dont il fait le relief des fiefs brabançons (y compris Ronquières) le 3 septembre 1546 (C féod 21 f 36 , 356 f 466b1s sqq).

Il apparaît comme seigneur d’Enghien en 1547, dans un Cartulaire de l’abbaye de Cambron (Soign. t 4 = 1907, page213). Il est cité nominativement comme seigneur d’Enghien dans l’acte de création d’un cantuaire « qui sera à sa collation » à l’église d’Oisquercq le 22 avril 1547 (A G R, Arch eccles numéro  9113) C’est pour lui qu’est dressé en 1548/49 le cartulaire des rentes seigneuriales dues au seigneur d’Enghien au village de Ronquières (A.13R. seigneurie d’Enghien, numéro  559).

C’est à son détriment que, de 1549 à 1559, sont confisquées encore une fois les terres de la seigneurie d’Enghien (Ch. Cptes 19847 à f9807).

Le 2-9-1550, il écrit une lettre (signée de sa main) à son receveur d’Enghien, Philippe Petit, lui recommandant de suivre de près le procès, en suspens à Genappe, intenté à Jehan Anthoine dit le Fiefvet, de Ronquières (A.G.R., Acquits de Lille numéro  1773; voir aussi le numéro  1775, octobre 1554).

2. Henri de Bourbon, Henri IV, roi de France (13/12/1553 – 14/5/1610)

Fils d’Antoine, il fait relief le 6 novembre 1563 de ses fiefs brabançons (C. féod. 21 f 36 ; 358 f 402).

Pendant une vingtaine d’années, Henri a peut-être joui régulièrement des revenus de la seigneurie d’Enghien. Il est mentionné en 1577 comme ayant remis à Henry Gillis l’arrière ferme des revenus de toute la terre d’Enghien (Mal. 905 f 474). Mais dans les années 1582 et suivantes, les Espagnols nomment un bailli à Enghien (A.G.R. Conseil privé espagnol numéro  1373 ; Papiers d’Etat… numéro  4292); et de 1595 à 1598, ses terres sont confisquées (Ch. Cptes 19882-83; Papiers d’Etat, numéro  429’, 30 mai 1598 et numéro  1936’, 10 octobre 1598).

II est qualifié « seigneur de Ronquières » dans A. G. R. Arch. Niv. 3428, 18 mars 1587; et dans C. féod. procès 1228, vers 1590. En 1599 et 1601, c’est un Loys Lentailleur qui est fermier et admodiateur de ses fiefs brabançons (C. féod. 302 f 49, 56 et 335).

Le 30 janvier 1606, Henri vend à Charles d’Arenberg ce qui lui restait de ses biens, et notamment Ronquières.

4° Maison d’Arenberg.

C’est donc par achat (270.000 livres) que la seigneurie d’Enghien passe aux mains de la maison d’Arenberg en la personne de

1. Charles de Ligne Arenberg, prince comte d’Arenberg.

Né à Vollenhoven le 22 février 1550, il avait épousé à Beaumont, le 4 janvier 1587 (Mal. 243) Anne de Crooy, de 14 ans plus jeune que lui.

Le 17 mars 1608, Charles fait relief notamment de Ronquières et 6 villages (Cours  féodale  36 folio 15, 142 folio 525  sqq., 370 folio 65 sqq).   Il mourut à Enghien le 18 janvier 1616. Mais ce ne fut qu’après la mort d’Anne de Crooy, survenue à Enghien le 26/2/1635 (Chér. tabl. J), que leur fils:

2. Philippe Charles d’Arenberg

Né à Barbançon le 18/10/1587, fit relief de Rebecq, Ronquières etc. le 22/12/1635 (Cours féodale  Brabant  406 1635/36 folio  18 Ch. Cptes 17172 folio 345vo). Pourtant, il se donne déjà tous ses titres seigneuriaux le 12/12/1628 (« duc d’Aarschot depuis 1616 par autorisation de sa mère » dit Matthieu I page 144).

D’un premier mariage, en 1610 (Contrat 1919/1610: Mal. 243 numéro  6-29/3/1632) avec (Pétronille Hippolyte) Anne de Melun, Philippe eut une fille Claire Eugène, princesse d’Arenberg, douairière de Chimay, qui réclame, le 5 mai 1645 (Mal. 1170 Inventaire  procès d’Arenberg numéro  81) notamment Rebecq, Ronquières, en vertu du contrat de mariage de sa mère. Anne de Melun meurt le 16/2/1615.

D’un second mariage, en 1620 (contrat 27/6/1620 : Mal. 1170 Inventaire procès d’Arenberg  numéro  59) avec Isabelle Claire de Berlaymont, naquit, le 30/7/1625, à Bruxelles,

3. Philippe François d’Arenberg

Qui sera le 1er qualifié « duc d’Arenberg» le 9 juin 1644. Il fit relief de Rebecq …  Ronquières, le 9 juillet 1641 (C. féodale  21 folio 36 ;  Ch; cptes, 17173 folio  23)  et relief d’Enghien (Hainaut) le 21 août 1641, après la mort de son père, décédé à Madrid ,où il était retenu prisonnier, le 25/9/1640 .

Mais Philippe-Charles, après la mort d’Isabelle de Berlaymont, le 9/8/1630, s’était marié une troisième  fois, le 29/3/1632  avec Sigismonde Marie Cléophée comtesse de Hohenzollern Sigmaringen, qui lui donna aussi un fils:

4. Charles Eugène d’Arenberg

Né à Bruxelles le 3/5/1363, second  duc d’Arenberg ce Charles Eugène fait relief de Rebecq … Ronquières le 30/ 9/1675 (Cours féodale 21 folio 36 Ch. Cptes 17180 folio 24); et relief d’Enghien le 14/12/1675, après la mort de son demi-frère Philippe François à Bruxelles, le 17/12/1674.

Charles Eugène  meurt à Mons le 25/6/1681.

5. Philippe Charles d’Arenberg (10/5/1663 – 25/8/1691).

Fils de Charles Eugène et de Marie-Henriette de Cusance (contrat de mariage du  18 juin 1660, C. féod. 157 folios 67 à 74).

Il est le troisième duc d’Arenberg. Il fait relief de Rebecq … Ronquières  le 30/9/1681 (Ch cptes 17195 folio 50) et relief d’Enghien le 12/6/1682.

Il épouse en février 1684 (Mal. 244 numéro  24 et 28), Marie Henriette Thérèse marquise del Caretto (ou d’Alcaretto) qui lui donne une fille puis un fils Léopold, en 1690, juste avant qu’il ne parte en Hongrie, où il meurt le 25 août 1691.

6. Messire Léopold (Philippe-Charles) duc d’Arenberg etc. (14/10/1690 – 4/3/1754)

Le 9 novembre 1691, Marie Henriette d’Alcaretto fait acter une déclaration exposant qu’elle va assumer l’administration de leurs biens « pour accomplir les volontés et dernières dispositions de feu  son mari et comme mère et tutrice légitime de ses enfants.»

Sans doute gaspille-t-elle ou en tout cas n’administre pas au goût de son fils Léopold qui introduit une réclamation en 1708 devant le Conseil d’Etat. L’affaire est renvoyée le 2/6/1708 au Grand Conseil de Malines, et tranchée le 3/12/1710.

« Marie-Henriette aura la garde des biens jusqu’à ce que son fils ait 25 ans ou soit marié ». Dès le 28 mars 1711, on trouve (N. G. 2099) le contrat de mariage de Léopold avec Marie Françoise Caroline Pignatelli, née duchesse de Bisaccia.

Le 15/9/1715, de Paris, il donne ses domaines d’Enghien (Ronquières compris) à ferme pour 12 ans à Josse Devos et François-Joseph Deschamps (C. féod. 116 folio 178). Cette convention ne joua que 4 ans entre  1716-1719 inclus (C. féod. 204 folio  16 et 39).

Lorsque, le 21 juillet 1706, une ordonnance de la « Conférence des ministres anglais et hollandais ressuscita le Vieux Conseil d’Etat, lui attribuant le gouvernement au nom du roi Charles III de Habsbourg, elle appela à y siéger à côté de l’Archevêque de Malines, un vieillard perclus confiné dans sa chambre,  les principaux seigneurs du pays: le duc d’Arenberg et d’Aarschot (un enfant de seize ans), le comte de Mérode, …, le duc d’Ursel etc. (H. Pirenne, Hist. de Belgique 2 édit. 1926 tome 5 page 113).

Léopold devint feld-maréchal et généralissime des troupes impériales dans les Pays-Bas.

7. Charles Marie duc  d’Arenberg  (31/7/1721 – 17/8/1778)

Fils de Léopold, il épouse à Paris, le 18/6/1748, Louise Marguerite de la Marck et de Schleiden, baronne de Saffenbourg.

Le 21 mars 1754, il fait relief de Rebecq … Ronquières. (C. féod. 387 I 96, 427, 1754 folio 58) et le 21/9/1754, d’Enghien.

8. Louis Engelberg  duc d’Arenberg (3/8/1750 – 7/3/1820)

Fils de Charles il épouse à Paris, le 19/1 /773, Louise Antoinette de Brancas. Il fait relief de Rebecq, Ronquières le 5/1/1778 (C. féod. 392 folio  227 = détail de ses biens en Brabant).

Il devint aveugle dans un accident de chasse. Il est Vonkiste lors de la Révolution brabançonne. Le 27 thermidor an II (août 1794), les propriétés du duc à Ronquières sont mises sous séquestre comme tous ses autres biens et déclarés propriété nationale le 9 frimaire an III (= 29/11/1794) (Recueil lois R. CARTULAIRE F  page 73).

Le séquestre sera levé le 6 brumaire an XII (= 29/10 /1803), sans indemnité pour les biens vendus au profit de la Nation, le duc Louis Engelbert  ayant demandé à être citoyen français (Recueil lois R. CARTULAIRE F deuxième série (Huyghe) tome 13, page 338 ; troisième série tome 4 page 344).

Les droits seront rendus à son fils Prosper.