Voici ses propriétés propres à Ronquières.

I. Il succède au duc de Brabant (après le seigneur d’Audenarde) dans la possession des terres publiques: bois, marais, terres vagues et inoccupées…, et spécialement il reçoit

 le plantis d’Enghien, à l’extrémité N –O du village, contigu au bois de la Houssière (avec lequel il est aujourd’hui confondu), quelque 40 bonniers, disent les documents anciens, en réalité, à en juger d’après la situation actuelle, ce plantis s’étendait sur environ 80 bonniers. On y exploitait des arbres de hautes futaies, taillis, glandée et paisson;

 le bois et terre de Boutegnies, 35/36 bonniers, à l’Est du village, touchant au domaine d’Haurut; cédés à l’abbaye de Cambron en 1218-Ï222;

 un terrain marécageux à Pideau, exploité en vivier, avec « servoirs» (= réservoirs), au moins jusqu’à la  fin  du 15eme siècle, puis transformé en pré (c’était déjà fait en 1533), s’étendant sur 9 hectares  suivant mesurage fait par un « mesureur sermenté» nivellois assisté des « anciens du village » en 1557 (A G R, Ch Cptes 19855 f 117) Le ruisseau qui alimentait ce vivier en prit son nom de «ruisseau des Servoirs ». A l’Ouest, ce pré vivier était bordé par un talus boisé « le mont d’Enghien », comprenant un bonnier environ;

 quelque 6 bonniers de pré a Pideau, donnés en 1222 « en perpetuam elemosinam» à l’abbaye d’Aywières et repris par le seigneur Louis de Luxembourg (A. G. R., Arch. ecclés. numéro  5338r 50, acte numéro  87) à la suite d’une convention du 31 juillet 1443 (Soign. t. 4=1907, ppage 213-218).

un pré de trois journels et le « vivier de l’Alluet », à l’Est, sur la rive droite de la Samme, à proximité du Pont-à-Lalieu actuel; vendus à Cambron en mars 1287 n. s. (Cambron ppage 629 et 620);

 peut-être aussi le « pré du sergent » d’ 1/2 bonnier, tenant au chemin du Gouge (Cad. sect. B numéro  281).

II. Le moulin du centre acheté à Cambron le 30 novembre (Saint-André) 1411: moulin à grains, moulin à écorce et tordoir, avec un petit pré de 1/2 bonnier. (Flandre, série I, numéro  1968) tenant au moulin « à escorche ».

Le moulin restera propriété du seigneur d’Enghien jusqu’en 1917.

La partie du pré bordant le chemin numéro  2 sera, au 15eme siècle, mise à la disposition du serment des Archers et cela jusqu’à la fin de l’ancien régime. Vers 1871, on y construira 2 maisons, actuellement un peu en retrait de la route, depuis la construction du chemin de fer vers 1880.

Le beau moulin actuel a été « rebâti de fond en comble en forme de château », vers 1530, pendant les guerres de Charles Quint contre François lorsque les biens d’Enghien, propriété d’un seigneur français, étaient séquestrés. « De grands travaux furent alors exécutés dans toute la seigneurie pour éviter que ses revenus ne soient prélevés par le fisc » (Colins, Histoire d’Enghien. 1631, page 418).

On constate dans les comptes d’Enghien que, conséquence de l’acquisition du moulin, le seigneur assura l’entretien du « Pont de pierre » et du « Pont d’Aise » à mi-frais avec Cambron.

On constate aussi, pour le même motif, que le moulin de Pideau cessa son activité. Mais le seigneur continua à assurer à ses frais, l’entretien du pont qui y avait été construit.

Il ne faut pas confondre le « pré du moulin » avec le pré situé de l’autre côté du chemin, 3 journels = cadastre Section  D 197,  88 a. 40. L’abbaye ne l’avait pas vendu avec le moulin: elle le louait soit au fermier d’Haurut, par ex Colart Dieu en 1458 (Flandre, série 1, numéro  1969), soit au fermier du Quesnoit, par ex. Pierre Antoine en 1629 (A G R, Cours féodale procès 2236, chass 1629). Il  ne fut acquis par le seigneur d’Enghien que postérieurement à cette date.

III. Quelques menus biens, échus probablement à diverses époques au seigneur haut justicier, comme biens abandonnés ou de bâtards:

 le mont d’Enghien, un journel avec maisonnette, sur la hauteur ouest du pré du vivier. Ce bien apparaît mis en arrentement aux 15e-17e siècles jusqu’au 30 avril 1659. A cette date, la cour de Ronquières l’adjuge au seigneur pour défaillance de paiement de la rente seigneuriale (A.G.R., Fonds Enghien compte 1660 f 105).

 les terres du Thil, ou de Thy, 10 journels 59 verges…avec le courtil le Vasarde, 1 journel, tenant au chemin de Pideau à Giloscam (en 1814 : vieux chemin des Postes) (Cad. B numéro ’ 82, .83 3 Ha 55 a 20) Le courtil est mentionne avoir été tenu à rente avant 1448 (A G R , Fonds Enghien numéro  559, cartulaire 1448  folio 64). En 1448, il était devenu propriété du seigneur, probablement avec les terres du Thil pour défaillance de paiement de la rente seigneuriale. Le seigneur donnera le tout désormais en location a cens (Idem  folio 53)

Remarquons que ces terres étaient grevées d’une rente seigneuriale au profit du seigneur de l’Escaille. De même qu’une quinzaine d’autres bonniers situés dans les environs « à Constiemont et Gonselinmont » Toutes ces rentes provenaient du seigneur d’Henripont qui, propriétaire de ces terres incultes, les aurait cédées, dès les 11eme ou 12eme  siècles, pour être défrichées et mises en culture (v Soign tome 13 – 1953 page116-117)

 une terre vers Haurut, 6 journels 66 verges (Cad C numéro  255, 1 Ha 69 a), appelée quelquefois « terre du bastard » Déjà en 1398 appartenait au seigneur qui l’avait  acquise de « Hanekin le monnier » (C Féod Proces 440, Cartulaire des rentes de l’Escaille à Ronquières, renouvelé en 1398). C’était sans doute un bien de bâtard.

Pour cette terre aussi, le seigneur payait une rente au seigneur de l’Escaille, ce qui permet de supposer qu’elle provient du domaine primitif de l’Escaille, tenures de Sorbise, auxquelles elle touchait par derrière.

IV. Un lopin de terre, vers Combreuil, qui n’apparaît que dans le Cadastre section D numéro  43, 27 a. 60 ca. Rien ne  permet d’en conjecturer l’origine.

V Le petit pré Madelot, au Plantis, acheté le 26 septembre 1725(Cartulaire 1723/25 folio17)