Repérons le tronçon CLABECQ-ECAUSSINNES (S) sur l’horaire de la ligne 73.  Le voyage dure environ 40 minutes, il n’y a encore que 3 stations intermédiaires : Virginal, Ronquières, Ecaussinnes (Nord).  A 11h32 du matin, 2 trains se croisent en gare de Virginal.

Les premiers trains du matin

  1. Vers Bruxelles (M): Virginal 6h02 – Clabecq 6H13 – Bruxelles (M) 6H44.

-convient aux ouvriers et aux employés, la journée de travail commençant plus tôt que de nos jours.

-à Clabecq, la correspondance est assurée pour Tubize, Quenast, Braine-le-Comte. Au 15.09.1885, elle l’est aussi pour Braine-le-Château, Wauthier-Braine et Braine l’Alleud.

  1. Vers Ecaussinnes (S) : Virginal 7h51 – Ecaussinnes (S) 8h20 – Houdeng 8H34.

–  peut convenir ni aux ouvriers, ni aux employés

– c’est un train de voyageurs de commerce quittant Bruxelles (M) à 7h11.

Les horaires sont donc bien conçus pour drainer la main-d’œuvre vers Clabecq et Bruxelles et pour permettre aux marchands bruxellois de venir prospecter la province.

Les trains du retour (heures du soir)

Les prospecteurs rentreront à Bruxelles Midi dès 6h15, en quittant Virginal à 5h34. Les salariés quitteront Bruxelles Midi à 5h30 et seront à Virginal à 6h12, 42 minutes plus tard.

Le dernier train du soir en provenance d’Ecaussinnes passe à Virginal à 7h39 mais Clabecq est son terminus (7h50). Celui en provenance de Bruxelles Midi arrivera à Virginal à 8h47.

Le film parlant « Le train de 8h47 » sera joué le 7 avril 1935 à la « Boule d’or » avec comme vedettes Fernandel et Bach (le comique).

LES « BRUSSELEERS » DE LA SENNETTE

Il est indéniable que le chemin de fer brisa l’isolement de notre vallée en la mettant en liaison directe avec la Capitale, sans changement de train.

Incroyable, pour des gens qui vivaient et mouraient sans avoir jamais été à Bruxelles, à 25 km seulement de chez eux ! (Exception faite, bien sûr, des soldats victimes du « Tirage au Sort »).

Grâce au train, la Capitale est à 40-45 minutes de Virginal et plus facile d’accès que Nivelles ou Braine-le-Comte.

Et Hal ?

 A 11 km seulement, 25 minutes de trajet ! C’est dans cette ville très commerçante, au pèlerinage renommé, que nous irons bientôt acheter nos chaussures du dimanche, le tissu pour les robes de nos mariées, les costumes de nos jeunes communiants. La « Petite Fabrique », « l’Hôtel des Eleveurs » et le « Kring » où l’on dansait à la viole (danses payantes) le jour du Carnaval !

Ça vous dit quelque chose ?

Et Lembecq et ses « Guélailles » du lundi de Pâques ?

C’est aussi grâce à notre chemin de fer que le petit peuple bruxellois qui ne s’était jamais aventuré au-delà du bois de la Cambre découvrit avec ravissement une vallée accidentée, des bois, des rochers, des rivières, un canal et des étangs, paradis des pêcheurs à la ligne, des promeneurs du dimanche ou des convalescents en quête d’air vivifiant. De véritables petites Ardennes à la portée de la main, avec de vieux villages pittoresques, des moulins, des églises, des châteaux chargés d’histoire et des fermes séculaires.

La villégiature, si pas le tourisme, était lancée.

Il y aura même un jour, à Asquimpont, deux cafés, bien connus, à l’enseigne « Le Petit Bruxelles » et « Le Grand Bruxelles » ; spécialité de Gueuze, club bruxellois de pêche venant y faire ses concours, hôtesse accueillante… ! Prestige de la Capitale ?