28 mai 1940

Après 18 jours de combats inégaux, la Belgique est entièrement occupée. Le canal et le chemin de fer ont servi, le 17 mai, de lignes de défense durant de durs mais brefs engagements. Hier, des trains de réfugiés partaient vers la France, aujourd’hui des trains de prisonniers de guerre roulent vers les Stalags. L’économie belge redémarre, assez pour faire vivre la population, pas trop pour ne pas avantager l’ennemi. Le personnel des chemins de fer reprend progressivement le service.

15 août 1940,

L’autorité occupante publie un premier indicateur bilingue au prix de 1,2 F. La ligne Clabecq-Ecaussinnes y figure avec 2 trains dans chaque direction.

L’un en direction d’Ecaussinnes passe à Virginal à 7h03 et 14h33, l’autre en direction de Clabecq passe à 10h57 et 18h27.

6 octobre 1940,

L’indicateur traditionnel reparaît au prix de 5 F.

La ligne 107 relie cette fois Bruxelles à Ecaussinnes avec continuation vers Haine-St-Pierre via la ligne 108.

Un train de travailleurs circule matin et soir, dans chaque direction et un train de complaisance circule durant la journée. L’indicateur est maintenant rédigé en néerlandais et Bruxelles devient « Brussel » et « Halle » remplace Hal.

Les trains s’arrêtent à Virginal à 6h33, 11h07, 18h42 en direction d’Ecaussinnes et à 6h54, 14h57, 17h53 en direction de Bruxelles.

De 1942 à 1944

Il ne reste que deux trains de travailleurs dans chaque direction. Celui du matin vers Ecaussinnes, Haine-St-Pierre, est avancé de 41 minutes et le retour retardé de 26 minutes. La journée de travail est donc allongée d’autant et le train roule en fait uniquement pour les navetteurs.

Les trains s’arrêtent à Virginal à 5h52 et 18h44 en direction de Haine-St-Pierre et à 6h50 et 18h19 vers Bruxelles Midi.

Les tribulations des navetteurs

Plus la guerre dure et plus il est hasardeux de prendre le train. Ils sont de plus en plus irréguliers et le matériel de moins en moins fiable surtout que les sabotages sont nombreux. Les navetteurs arrivent à leur travail quand ils le peuvent, parfois à l’heure de repartir.

Le chauffage des voitures est très capricieux, on s’emmitoufle. Occultation de rigueur, on emporte sa lampe de poche. Parfois, à l’improviste, surgissent des contrôleurs du ravitaillement.

Viande, beurre, farine, transportés en fraude, confiscation !

Dans les derniers mois avant la Libération les dangers se multiplient : gares bombardées (Haine-St-Pierre, de mars à mai ; Braine-le-Comte, début août), locomotives mitraillées, rails qui sautent (Henripont 10 juin 1944), wagons de paille ou de foin destinés à l’ennemi qui flambent (Ecaussinnes 2 mai 1944), boîtes incendiaires dans la paille de 9 wagons (Ecaussinnes 9 août 1944), contrôles et rafles par la gestapo, trains vers les camps de concentration.  

Le navetteur, toujours « en route » appréhende l’accident, l’arrestation, la mort. S’il n’avait besoin que de son salaire pour vivre, il resterait volontiers chez lui ! Mais la nourriture est hors de prix !

Début septembre 1944, Libération !

On s’imagine que tout va redevenir comme avant. Mais pour nos libérateurs, la guerre n’est pas finie. Les transports militaires ont donc priorité absolue. Tout le matériel ferroviaire est mis à leur disposition. Et c’est normal ! Les trains de voyageurs essayent de se faufiler entre deux convois. La S.N.C.B. place quelques autorails et quelques michelines sur les grandes lignes. De mémoire de voyageurs, on n’avait jamais vu une pareille pagaille ! Mais les gens prennent la chose allègrement. D’ailleurs, partout on fête la Libération et nos Libérateurs.

Tiens ! Tiens ! Voilà l’essence (fuel) qui réapparaît.

Durant l’Occupation, un « Service des Carburants » la distribuait parcimonieusement à certains services jugés prioritaires. Par contre, camions et camionnettes s’équipaient au « gazogène ». Les autres véhicules automobiles, pour échapper à la réquisition, avaient été adroitement dissimulés dans des granges ou des hangars. Mais voilà qu’aujourd’hui autos, motos, bus, cars sortent de leur cachette, s’ébrouent d’une longue léthargie pour aller assurer le transport des voyageurs, en lieu et place des trains occupés à des tâches patriotiques (Bataille des Ardennes, Campagne de Hollande et d’Allemagne). Pour le train à vapeur qui fut sans concurrence durant toutes les hostilités, une nouvelle guerre commençait.