Quelques dates importantes

 1901 Naissance le 25 décembre à Essen, Belgique

1924 Diplôme d’ingénieur civil avec grande distinction

1925 Premier Lauréat du Concours des Ponts et Chaussées

1946 Inspecteur général des Ponts et Chaussées

1949 Directeur général de l’Administration des Voies Navigables

 Directeur général des Ponts et Chaussées

 Chef de cabinet du ministre des travaux publics Auguste Buisseret

1955 Chef de cabinet du ministre des travaux publics Omer Vanaudenhove

1956 Président international de l’AIPCN

1958 Secrétaire général du ministère des travaux publics

1966 Retraité

1982 Décède à Bruxelles, le 5 juin

 Aperçu biographique.

C’est en 1925 que Gustave Willems entame sa carrière de jeune ingénieur. Élève brillant, il est reçu ingénieur civil en construction avec « grande distinction ». A son entrée au ministère belge des Travaux Publics, il fut reçu d’emblée Premier Lauréat au concours des ingénieurs des ponts et chaussées. C’est dans ce département qu’il accédera  33 ans plus tard à la plus haute des fonctions, celle de Secrétaire Général.

Gustave Willems acheva ses études à un moment charnière de l’histoire européenne.

En effet, en 1925, le souvenir de la Première Guerre Mondiale était encore vivace bien que la reconstruction soit en bonne voie. En cette ère de grandes transformations, les ingénieurs étaient la cheville ouvrière de la modernisation et du renouveau.  En Belgique, Gustave Willems s’impliqua dans la modernisation des voies navigables, en particulier celle de la Sambre et de la Meuse ainsi que du canal de Charleroi à Bruxelles.

En 1927, on adopta le projet de rendre la Meuse liégeoise navigable pour les navires de 2000 tonnes. Cela impliquait la diminution du nombre des écluses et un tirant d’eau minimu m de 3 mètres.

Par ailleurs, grâce à toute une série d’adaptations, le canal reliant Charleroi à Bruxelles autorisait le passage de bateaux de 300 tonnes sur toute la longueur de la voie navigable.

En tant qu’ingénieur des Travaux Publics, Gustave Willems s’intéressait fort à la canalisation du réseau des voies navigables à l’aménagement ou au renouvellement des écluses, des barrages mobiles, et à d’autres travaux hydrauliques tels que le renforcement des digues.

C’est sous sa direction que furent construits des barrages mobiles d’un nouveau type sur la Sambre, la Meuse, la Senne, l’Escaut, le canal de dérivation de la Lys. Pour la première fois en Belgique, les barrages étaient conçus et calculés sur la base du principe de l’écoulement hydrodynamique.

Deux projets supervisés par l’ingénieur Gustave Willems ont reçu un écho international en raison de l’ampleur du défi technologique.

L’écluse d’Ivoz-Ramez, aménagée en 1930 sur la Meuse était la première au monde à garantir une distribution égale du débit au remplissage et au vidage du sas. Le projet faisait figure d’exemple pour l’étranger et a été réalisé un quart de siècle avant l’écluse Saint-Pierre de Donzère-Mondragon sur le Rhone, d’une conception similaire.

Mais avant tout, le nom de Gustave Willems reste associé au Plan Incliné de Ronquières qu’il considérait comme « l’œuvre de sa vie ». Cet important ascenseur funiculaire à bateaux d’un poids maximum de 1350 tonnes permet aux convois de traverser en un laps de temps réduit une dénivellation de 68 mètres.

L’innovation, la modernisation et la réalisation de solutions aux défis de sa génération, tels étaient les mobiles de Gustave Willems. Dès sa nomination à la fonction de Secrétaire Général de l’Administration des Voies Navigables, il fut le responsable de l’ensemble des ports, des voies navigables et de la navigation intérieure en Belgique.

Dans les années suivant la Deuxième Guerre Mondiale, Gustave Willems était le fonctionnaire responsable des grands programmes de l’expansion portuaire.

A partir de 1947, il donna le coup d’envoi à l’ambitieux programme de  modernisation instaurant un gabarit minimum de 1350 tonnes pour les voies navigables intérieures.

Cette mesure était destinée à rendre navigable le réseau belge, l’un des plus denses du monde, pour les navires du type canal Rhin-Herne. La réalisation d’un pareil programme d’envergure et coûteux nécessita une grande persévérance ainsi qu’une vision d’avenir à long terme.

Sept ans plus tard, la Conférence Européenne des Ministres des Transports décida de prendre ce type de bateau comme norme de l’extension du réseau navigable européen.

La normalisation de l’Escaut Maritime, les premiers travaux d’extension du port de Zeebrugge et la modernisation du canal maritime de Bruges étaient son œuvre.

En 1957, c’est lui qui présidait la Commission chargée d’examiner les possibilités de rendre le port de Zeebrugge accessible aux grands navires maritimes, un projet très ambitieux qui fut réalisé trente ans plus tard.

A Anvers, Gustave Willems était le protagoniste de l’extension de la rive droite, au nord des docks de l’époque où il fit construire les écluses Beaudouin et de Zandvliet. Ces écluses furent, en leur temps, des ouvrages d’art exemplatifs.

Il joua également un rôle important dans l’élargissement et l’approfondissement du canal maritime reliant le port de Gand à Terneuzen ainsi que dans la construction d’une nouvelle écluse pour les convois de poussage.

Sa personnalité polyvalente se manifesta également dans un tout autre domaine. Ainsi, pendant de longues années, il enseigna à l’Université du Travail à Charleroi et à l’Ecole des Travaux Publics à Liège. De 1935 à  1972, il était également professeur à l’Université Libre de Bruxelles où il enseignait la construction civile, la navigation intérieure ainsi que la navigation maritime. En outre, il était le directeur de l’Institut de la Construction Civile et de l’Institut du Logement. Enfin, il était le Président International de l’AIPCN.

En sa qualité de fonctionnaire le plus haut placé dans sa hiérarchie, Gustave Willems établit les bases législatives permettant d’accélérer la modernisation des infrastructures. Trois initiatives législatives datant de 1955, 1956 et 1957 en témoignent.

La création du Fonds des Routes permit de 1955 à 1969 d’accélérer l’extension du réseau autoroutier Belge.

La revalorisation du réseau des voies navigables jusqu’à un gabarit de 1350 tonnes fut facilitée par une loi de 1957.

Enfin, le programme déca annuel « d’investissement d’intérêt national » établit le fondement d’une formidable expansion de la Rive Droite du Port d’Anvers.

La motivation internationale de Gustave Willems ne ressort pas seulement de son engagement auprès de l’AIPCN. C’est surtout en concertation avec les Pays Bas qu’il joua un rôle moteur. Ainsi, de 1949 à 1969, il dirigea les négociations belgo néerlandaises en matière des dossiers d’ouvrages d’art hydrauliques, en particulier sur le canal maritime Gand-Terneuzen et la jonction Rhin-Escaut. Pendant dix ans, il présida la Délégation Belge au sein de la commission technique de l’Escaut Maritime.

De 1955 à 1966, il assura la présidence d’un groupe d’experts des voies navigables à la conférence européenne des ministres des Communications.

Lors de la séance solennelle d’hommage du 16 février 1967 donnée à l’occasion de son départ à la retraite, son collègue néerlandais dira de lui : «  C’est un adversaire de taille, extrêmement compétent, énergique. C’est un travailleur zélé. Il peut se fixer un objectif qu’il ne perdra pas de vue à aucun moment, un orateur remarquable, un négociateur hors pair dur et sage, un homme d’envergure, un excellent ami ».

Cet homme qui exerça tant de fonctions et qui sut combiner tant d’activités différentes resta fort attaché à l’AIPCN dont il fut membre et président pendant 47 ans. Il fit de cette organisation un réseau international de responsables politiques et de techniciens de haut niveau.

En son hommage et en guise d’incitation aux jeunes ingénieurs et chercheurs, l’AIPCN décida après son décès et à l’instigation de son successeur, Mr De Paepe, d’instaurer le « Gustave Willems Award » qui fut décerné pour la première fois en 1985.