A l’angle de la rue de la Déportation et de la rue des Forges (n° 212-214), se dresse un bâtiment allongé qui appartenait aux Forges de Clabecq. L’usine y hébergeait temporairement des ouvriers étrangers célibataires qui arrivaient chez nous pour travailler aux Forges (les familles étaient logées au château de Clabecq, appelé depuis Château des Italiens). L’hôtel des Aciéries servait également pour loger les représentants de firmes extérieures venus sur place pour des séjours plus ou moins longs. Il y avait là aussi une salle des fêtes où, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les jeunes allaient se distraire un peu. Le bâtiment a été rénové afin d’y aménager des logements sociaux.  ( Source Office Tubizien du Patrimoine – Musée ‘de la Porte’ – Musée d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Tubize et sa région (museedelaporte.be)

Les italiens à l’hotel des aciéries

A leur arrivée à Clabecq, les immigrés italiens, pour la plupart partis seuls chercher fortune en Belgique avant de faire venir leurs familles ont presque tous logés à l’Hotel des Aciéries situé en bas de la rue de la Déportation.

Gino Gandossi se souvient de son arrivée.

« Je suis arrivé le 11 décembre 1946. Il faisait un froid de canard.  J’ai reçu une couverture et je me suis installé à l’Hôtel. Celui-ci n’était pas encore fini. Il n’y avait pas encore de carreaux aux fenêtres. Mon premier repas, ce fut des spaghettis à volonté et de la viande. »

Deux mois après son arrivée à l’Hotel, on demande à Gino d’en assurer la gestion.

« J’ai insisté pour que cette décision passe au vote chez les Italiens, ce qui fut fait. J’ai ainsi été n nommé Directeur et j’ai cessé de travailler aux Forges. Je m’occupais de la gestion, de la préparation des repas. J’ai assumé cette fonction pendant 7 à 8 mois puis je suis rentré en Italie pour me marier. Ensuite, je suis retourné travailler aux Forges car mes fonctions à l’Hotel n’étaient plus conciliables avec une vie de famille. »

A l’Hôtel, on  compte de 200 à 300 hommes. La première année, une trentaine furent expulsés pour des raisons diverses et variées.

« Mon père est arrivé en 1946 , de Brescia avec mes deux frères. Ils ont logé à l’Hotel. Le premier soir ils ont reçu des pâtes et de la viande. Mon père a alors demandé à ses fils de ne pas tout manger et de garder un  peu de viande pour le lendemain au cas où ils n’en recevraient pas. Le lendemain : même menu et les jours suivants aussi.  Finalement, ils avaient gardé tellement de restes dans la chambre qu’ils ont du tout jeter ! »

« Ensuite, mes parents ont fait à manger à l’Hotel. Ils géraient les cuisines. Il n’y avait quasi que des pères de famille, parfois accompagnés des fils ainés. Ils attendaient à l’Hotel un autre logement. Mon père a patienté un an avant que l’appartement du Château soit prêt. »

L’Hotel est resté ouvert jusqu’en 1955.

L’hotel en photos anciennes

L’hotel en photos récentes