Vers 1200, la situation change. Il apparaît que le duc cède la seigneurie de Ronquières en « fief » (Cambron page 585) au seigneur d’Audenarde. Et celui-ci, bien qu’il l’ait cédée presque immédiatement en sous-fief au seigneur d’Enghien, se qualifiera « sire de Ronquières» pendant une centaine d’années. La première mention connue date du 10 mai 1219.

L’acte de 1219 est une déclaration de Rachilde de Magne, dame d’Audenarde, qui fait connaître au duc Henri de Brabant qu’elle a donné à son fils Arnould IV le fief de Ronquières qu’elle tient du duc «feodum de Roukires quem de vobis tenebam ».

De ce texte, on peut croire que Richilde était personnellement bénéficiaire du fief de Ronquières (il y a des indices que Richilde fut la première de la maison d’Audenarde, à être dame de Ronquières).

Arnould IV d’Audenarde (décédé en août 1242) et son fils Jean d’Audenarde (décédé fin 1293 ou début 1294) sont qualifiés « sires de Ronquières» (Butkens, Trophées I ppage 220 numéro  18 et 249 no 16). En mai 1246 (Cambron page 585 XXXIV), Jean d’Audenarde se présente comme «superior dominus » du seigneur d’Enghien pour le fief de Ronquières.

Dans une lettre de dénombrement de mai 1258 (A.G.R., Ch. des Comptes Reg. I f 91 et Cours féodale  Reg. 543, 8° folio 40), Sohier (ou Siger I) sire d’Enghien déclare à Henri III duc de Brabant que Runkires… est tenu par lui et son fils Gauthier . . . de Jean sire d’Audenarde qui, de ce chef est vassal du duc. Le 24 mars 1278, Jean, sire d’Audenarde, relève du duc Jean de Brabant, en fief, Ronkieres, que Wauthier, sire d’Enghien, tient de lui.

Aux environs de 1300, les d’Audenarde perdent leur dominium à Ronquières: Arnould V, fils de Jean, l’a-t-il encore? On ne sait. Dans son testament de septembre 1302 (Piot, Cartulaire d’Eename, page 314), il ne se qualifie pas «sire de Ronquières». Mais le manuscrit II 1260 à la B. R. lui donne encore ce titre. En tout cas, sa fille Isabeau (ou Elisabeth) ne l’a plus vers 1312, car elle figure parmi les feudataires de Jean III de Brabant sans le fief de Ronquières, ainsi d’ailleurs que sa fille Marguerite. En outre, dans une sentence arbitrale de 1306 (rapportée dans le Cartulaire F folio18)  Wauthier, seigneur d’Enghien déclare tenir du duc de Brabant, « Haurut et ses terres de Brabant ». Et en 1312, dans le même livre des feudataires de Jean III, ce même Wauthier d’Enghien figure, malheureusement sans indication de ses fiefs, mais le texte du cartulaire F ci-dessus montre que Ronquières aurait dû s’y trouver. (Ch. des comptes 542, Cours féodale  folio III. = Galesloot page 263).

Le seigneur d’Audenarde a donc cessé, de l’une ou l’autre façon, d’être le «superior dominus ». Et désormais les reliefs sont présentés par le seigneur d’Enghien directement au duc de Brabant.

Voilà à peu près tout ce qu’on peut dire au sujet des rapports, vraiment épisodiques, des seigneurs d’Audenarde avec la seigneurie de Ronquières. On ne trouve donc nulle part ni texte ni documentation quelconque qui donneraient une idée des conditions féodales et seigneuriales qui se créèrent pour le seigneur d’Audenarde, tant entre lui et son suzerain le duc de Brabant, qu’entre lui et ses dépendants ronquiérois. Probablement furent-elles du même ordre que celles qu’on retrouvera pour le seigneur d’Enghien qui remplaça très vite le seigneur d’Audenarde.