50 ans du plan incliné de Saint-Louis/Arzviller : Un ascenseur à bateaux unique en Europe

 

« 44.5 M DE DÉNIVELÉ, 41% DE PENTE,

 

Le Plan Incliné de Saint-Louis/Arzviller constitue un ouvrage unique en Europe. Cet ascenseur à bateaux, mis en service en 1969, permet de remplacer 17 écluses et de faire gagner ainsi une journée de navigation aux bateaux, puisqu’il suffit de seulement 4 minutes pour l’emprunter. 50 ans après sa mise en service, il reste un ouvrage incontournable du tourisme fluvial sur le canal de la Marne au Rhin, avec, chaque année, plus de 75 000 visiteurs et plus de 8 500 bateaux de plaisance qui l’empruntent.

UNE PROUESSE TECHNIQUE OFFRANT UN GAIN DE TEMPS CONSIDERABLE

Le plan incliné d’Arzviller a été construit à l’origine pour faire économiser une journée de navigation aux péniches commerciales reliant Strasbourg à Paris, mais aussi pour augmenter la capacité de transport et la sécurité de la navigation. En effet, avant sa construction, il fallait traverser 17 écluses dans la vallée du Teigelbach se succédant sur 4 km, afin de gravir la pente à cet endroit.

Aujourd’hui, cette montée spectaculaire est réalisée en 4 minutes seulement (pour un temps de parcours total de 20 minutes entre l’entrée et la sortie du bateau), grâce à un fonctionnement d’une grande simplicité.

À l’aval, le canal mène jusqu’au bac, sorte d’ascenseur rempli d’eau et fermé par des portes mobiles. Le bateau entre dans le bac puis est hissé en douceur jusqu’au canal amont situé 44,55 m plus haut, grâce au poids de l’eau et à des contrepoids.

Il s’agit de l’un des trois ascenseurs à bateaux de ce type existant en Europe, avec l’ouvrage de Kranoyarsk en Russie et celui de Ronquières en Belgique. Sa construction de type transversal – le bac est parallèle à la pente – est toutefois unique en son genre (les deux autres sont de type longitudinal : bac perpendiculaire à la pente).

La construction de cet ouvrage monumental dans une vallée aux pentes escarpées a constitué un défi particulièrement complexe. Le façonnage du dénivelé et l’installation des rails, charriot, bacs et contrepoids ont en effet occupé près de 700 ouvriers durant 4 ans.

UN SUCCES TOURISTIQUE QUI DURE

Son imposante architecture marque le paysage de la Vallée des Éclusiers et reste, 50 ans après sa mise en service, une réalisation remarquable, qui a reçu le label « Architecture contemporaine remarquable »1 du ministère de la Culture.

Ainsi, si le trafic marchandises a baissé sur le canal de la Marne au Rhin au cours des 30 dernières années, le tourisme fluvial est en plein essor dans la région. Plus de 8 500 bateaux de plaisance empruntent le plan incliné chaque année et l’ouvrage accueille 75 000 visiteurs par an, ce qui en fait une véritable attraction touristique.

 

LE PLAN INCLINE DE SAINT-LOUIS ARZVILLER, GENESE ET CONSTRUCTION−

Dès le XVIIIe siècle, le roi Louis XVI chargea son ingénieur d’étudier un projet de canal visant à relier le bassin de la Seine et la grande voie rhénane. Il fallut toutefois attendre les années 1830 pour que le canal de la Marne au Rhin voie le jour.

Le Plan incliné est né d’un concours international d’architecture lancé en 1962 par l’ingénieur général des Ponts et Chaussées Robert Vadot. À l’origine, deux bacs étaient prévus pour le transport des péniches mais, avec le déclin du transport fluvial, un seul a été construit et mis en fonction.

Après trois ans de conception, d’études géologiques, techniques, cet ouvrage colossal a été construit en plusieurs étapes, à partir de 1965, sous la houlette du maître d’ouvrage de l’époque, le Service Navigation de Strasbourg, devenu Voies navigables de France :

− 17 mars 1967 : achèvement des travaux prévu fin de l’année 1967. On prévoit la mise en eau de la nouvelle section du canal pour le début de l’année 1968.

− 15 avril 1967 : installation définitive de la machinerie finalisée, en mai 1968.

− 19 août 1967 : prévision de plusieurs essais « à sec » pour l’hiver 1967.

− 27 janvier 1968 : premier test « à sec » de mise en service avec un aller-retour du chariot-bac entre les parties supérieures et inférieures du plan incliné.

− 31 janvier 1968 : deuxième essai.

− 29 octobre 1968 : la vedette « Alcyon » (qui appartient au Service de la navigation de Lutzelbourg) a servi à une remontée inaugurée en présence de plusieurs ingénieurs, représentants et directeurs commerciaux.

− 7 novembre 1968 : « répétition générale » de la remontée d’un bateau. La péniche « Concarneau » a été le premier client à remonter au plan incliné. Plusieurs personnalités, dont M. Chapon, directeur de VNF au ministère de l’Environnement, étaient présentes.

– 27 janvier 1969 : la péniche « Jeanne d’Arc » a réalisé la première descente du plan incliné. Son propriétaire, M. Emile Cochard, a affirmé que le passage par le plan incliné lui avait fait économiser 18 heures de trajet.

− 13 février 1969 : remise en route normale du plan incliné, suite à des contrôles programmés visant à utiliser les 17 écluses de la vallée.

− Janvier 1969 : mise en service.

LES CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DU PLAN INCLINE DE SAINT-LOUIS/ARZVILLER

Durée de la conception et construction : 1962 à 1969

− Mise en service : 27 janvier 1969

− Nombre d’écluses supprimées : 17 écluses sur 4 km

− Gain de temps : 1 journée de navigation

− Temps de parcours du Plan incliné : descente en 4 minutes et en 20 minutes entre l’entrée et la sortie du bateau.

− Hauteur / dénivelé : 44,55 m

− Pente de 41%

− Angle de 22%

Dimensions de l’ouvrage :

− Chariot bac en acier : 41,5 m de long x 5,5 m de large / 3,20 m de profondeur (contenance 730

m3)

− Nombre de contrepoids sur chariots guidés en béton : 2 contrepoids de 450 tonnes chacun, soit un total de 900 tonnes (chaque contrepoids est raccordé au bac par 14 câbles d’acier de 27 millimètres de diamètre)

− Nombre de tambours : 2 tambours de 22 tonnes chacun

− Rampes en béton armé avec rails en acier permettant un déplacement horizontal de 108,6m

− Nombre de portes levantes : 4 portes levantes (deux pour le bac et une pour chaque bief).

 


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