La seigneurie de Ronquières, « village à clocher », (c.-à-d. n’ayant qu’un seul haut seigneur) comportait haute, moyenne et basse justices.

Tout permet de croire que la haute justice lui fut attribuée dès le début. En effet, lorsque un nouveau seigneur faisait son relief il ne le présentait qu’en une seule fois pour l’ensemble de la seigneurie. Tandis que si la haute justice avait été acquise postérieurement, aux 16eme et 17eme  siècles dans les seigneuries d’Ittre, Fauquez, Baudémont, Oisquercq,  il aurait dû , comme les seigneurs d’Ittre, etc. , présenter un 2eme relief distinct du relief général ordinaire.

On ne s’étonnera pas de ces différences de statut si on veut considérer que Ronquières a été constitué et concédé en fief-seigneurie vers 1200, sous l’empire d’un droit féodal évolué et plus libéral que celui qui commençait seulement à se former lors de la constitution des fiefs d’Ittre, etc., plusieurs siècles plus tôt. Le droit féodal de 1200 accordait couramment la haute justice alors que le droit primitif ne prévoyait que la basse justice ou justice foncière.

Le seigneur d’Enghien n’eut jamais à Ronquières, ni château ni demeure seigneuriale. A partir du 15eme siècle, on voit qu’il s’était réservé un simple pied-à-terre au moulin du centre du village « une cuisine, une chambre et une étable » (A G R ,Ch Cptes 19847 f 44) Ainsi les Ronquiérois n’étaient pas tenus par la présence constante de leur maître seigneurial. Ils pouvaient donc plus aisément afficher une certaine liberté de pensée et d’allure s’apparentant à une mentalité urbaine plus qu’à l’apathie rurale Nous en trouverons plusieurs manifestations au cours des siècles dès avant les temps modernes.

On reconnaît d’ailleurs que les communautés nées des grands défrichements des 11eme et 12eme  siècles, c’est le cas de Ronquières,  bénéficièrent dès leur naissance, de plus de liberté que la généralité du plat pays.

Le voisinage immédiat des franchises d’Henripont et de Virginal d’une part, des villes de Nivelles et Braine-le-comte d’autre part, y étaient sans doute pour quelque chose aussi.

A son arrivée à Ronquières, le seigneur d’Enghien semble bien avoir d’abord installé le siège de son activité au hameau de Pideau plutôt qu’au centre du village. Le centre autour de l’église était  fortement marqué par l’emprise  de Cambron avec sa « dos ecclesiae ».

1. Il y fait construire sur la Samme un moulin et un tordoir, qui resteront en activité jusqu’au moment où le seigneur Pierre de Luxembourg rachètera le moulin de Cambron (moulin actuel au centre du village) le 30 novembre (St-André) 1411. C’est sans doute pour ce moulin que le pont de Pideau fut jeté sur la rivière.

2. Il y exploitera un grand vivier avec des réservoirs à poissons (le ruisseau alimentant ce vivier sera appelé le ruisseau des Servoirs). Au. 16eme siècle, le vivier sera transformé en prairie, dont une partie restera assez marécageuse jusqu’à l’heure actuelle.

3. De Pideau partira un chemin, actuellement appelé chemin du Poste, parce que jusqu’au 19eme siècle la malle-poste Nivelles-Enghien y passait, grimpant au flanc du « tiène du poste », traversant le hameau « Charly des bois », le bois de la Houssière, et les campagnes directement vers Enghien . Un deuxième nouveau chemin, le chemin de la Ferbise, joindra Pideau à l’aggloméré de l’église. Ainsi appelé parce que jusqu’au 19eme siècle la malle-poste Nivelles-Enghien y passait.

4. C’est sans doute en souvenir de ce premier rang seigneurial de Pideau que, dans un cartulaire de 1448, le plus ancien des cartulaires des rentes seigneuriales conservés dans les archives de la seigneurie d’Enghien aux A. G. R., n 59, les manants de Pideau figurent encore en tête.

5. L’importance prise par le hameau de Pideau se montre encore dans les comptes de la vénerie de Brabant  qui inscrivent le village sous le titre «Ronkiers et Pideau », traduisant ainsi l’apparence qu’il offrait de deux sections groupées chacune autour d’un aggloméré: d’une part Pideau, (au seigneur) avec son moulin, sa place, sa fontaine Saint Géry, son grand vivier, son croisement de chemins. D’autre part Ronquières-centre  où l’influence de Cambron concurrence celle du seigneur d’Enghien avec son moulin, sa place, sa halle, sa fontaine Saint Pierre et surtout l’église et le cimetière.